Après l'Espagne, c'est au tour du Danemark de prendre pour six mois la présidence de l'UE. Et le dossier du Proche-Orient figure en bonne place parmi les nombreuses priorités que s'est fixée Copenhague. Les difficultés ne manquent pas. Per Stig Moeller, le ministre danois des Affaires étrangères, a déclaré qu'il présenterait le 3 juillet à Washington un nouveau plan de paix pour le Proche-Orient à son homologue américain Colin Powell. M. Moeller s'est dit plutôt favorable dans un premier temps à une série de réunions spécialisées et ciblées pour résoudre le conflit israélo-palestinien, au lieu de la tenue d'une grande conférence de paix, et a dit avoir évoqué cette proposition avec Javier Solana, le haut représentant de l'Union européenne pour la politique extérieure. «Nous devons abandonner l'idée de convoquer une grande conférence de paix internationale au Proche-Orient pour trouver une solution à ce conflit. Ce n'est pas une bonne idée. On ne parvient même pas faire venir les deux parties à la table de négociations», a-t-il estimé. Et le chef de la diplomatie danoise d'ajouter que son pays «va proposer au nom de l'UE que l'on commence par une série de réunions sur des sujets limités, comme par exemple la question des réfugiés palestiniens, les problèmes de sécurité entre Israéliens et Palestiniens, le statut d'Al-Qods». Selon ce projet, les Etats-Unis, l'UE, la Russie, les pays arabes, Israël et les Palestiniens participeront à ces réunions qui devraient déboucher à un résultat avant l'organisation d'une large conférence internationale de paix. Sur un autre plan, le Danemark doit également entamer ce lundi une présidence de l'UE à haut risque, au cours de laquelle les Quinze et les pays candidats devront impérativement se mettre d'accord sur les conditions d'élargissement de l'UE, notamment au plan financier. La date retenue pour la clôture des négociations d'adhésion des futurs membres de l'Union est les 12 et 13 décembre, au sommet européen de Copenhague. Repousser ce délai menacerait le calendrier de l'élargissement, qui prévoit une entrée des nouveaux membres dans l'UE début 2004, à temps pour la participation aux élections au Parlement européen du printemps. Un échec serait «une erreur historique que l'Europe ne pourrait pas se permettre », répète le Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen, qui estime que le jugement de la postérité serait «sévère» pour le responsable politique qui bloquerait l'élargissement. Le gouvernement danois n'hésite pas à dramatiser les enjeux de sa présidence, car son parcours d'ici à Copenhague est semé d'embûches. D'abord, les Quinze sont toujours divisés sur le volet financier de l'élargissement, principalement sur les aides à accorder aux agriculteurs des pays candidats. L'Allemagne, premier contributeur au budget de l'UE, et les Pays-Bas notamment ne veulent pas s'engager sur ces aides tant que les Quinze n'auront pas donné le signal d'une réforme de leur coûteuse politique agricole commune (PAC), qui absorbe plus de 40% des dépenses communautaires. A l'inverse, la France entend saisir l'occasion de l'élargissement pour pérenniser le régime actuel des aides directes aux agriculteurs. La donne est encore compliquée par le fait que l'Allemagne tiendra ses élections législatives le 22 septembre et que nul ne sait qui, de l'actuel chancelier social-démocrate Gerhard Schroeder ou de son challenger conservateur Edmund Stoiber, représentera Berlin au sommet de Bruxelles, les 24 et 25 octobre. Du côté des pays candidats, l'UE risque de devoir trancher sur le cas de Chypre. L'île divisée est dans les premiers de la classe pour ses négociations avec Bruxelles, mais ses négociations intercommunautaires destinées à permettre une réunification sont dans l'impasse. Faire entrer l'île divisée risque de provoquer une crise avec la Turquie, mais la rejeter sous prétexte que la réunification n'est pas en route est inacceptable pour la Grèce, qui ne pourrait entériner un élargissement dans ces conditions.