Un groupe des joueurs de l'équipe de l'Ittihad de Tanger se sont évanouis dans la nature, jeudi dernier, en Espagne. Encore des victimes de la gestion désastreuse de la chose sportive au Maroc. On ne le dira jamais assez. Notre sport est malade et nos sportifs ne sont que des victimes de la gestion anarchique de la chose sportive dans notre pays. Profitant de leur stage de préparation dans la localité de Rojales (est de l'Espagne), où ils devaient prendre part à des tournois de football avant de rentrer au pays, hier, six joueurs de l'équipe de l'Ittihad de Tanger, dont Homani, Abdellaoui, Tarik Skindi, Cherkaoui et Jamil, se sont évanouis dans la nature, jeudi dernier, sans laisser aucune trace. Le président du club, Mohamed Larbi Bouras, s'est déplacé en personne en Espagne pour tenir au courant les autorités locales. La nouvelle, qui s'est propagée comme une traînée de poudre, a été relayée par la première chaîne espagnole, jeudi dernier, avant d'être reprise par le journal «El Pais», vendredi. L'on imagine l'effet médiatique que cela pourrait avoir sur l'image du sport marocain, déjà ternie par plusieurs affaires de «hrig». Selon les dernières informations provenant d'Alicante, la garde civile espagnole mène actuellement des recherches, dont le but est de localiser les six joueurs. Ayant fait le voyage en Espagne avec un passeport collectif, les dits-joueurs ne disposent d'aucun document d'identité. Chose qui va rendre la tâche beaucoup plus compliquée aux autorités espagnoles. Le cas des joueurs de l'IRT est le deuxième du genre en l'espace d'une semaine. Éliminé dès le premier tour aux Jeux Olympiques, qui se déroulent actuellement à Athènes, l'haltérophile marocain, Yassine Zouaki, a, lui aussi, pris la poudre d'escampette. Seulement voilà, à la différence des joueurs de l'IRT, le cas de Zouaki a été plus médiatisé. Normal, puisqu'il s'agit d'un grand événement, à savoir les Jeux Olympiques. Il faut dire que Zouaki et les six joueurs de l'IRT ont un point en commun: tous rêvent d'un avenir meilleur et d'une grande carrière sportive. Droit légitime déjà revendiqué depuis longtemps par de nombreux sportifs marocains. En vain. Faute de moyens et d'une vraie politique sportive. Tout le monde se souvient de ce qui s'est passé au Canada et la défection de huit joueurs de l'équipe de Settat qui devait participer à un tournoi de football à Montréal. Outre le football, l'athlétisme reste le sport le plus touché par le syndrome de l'immigration clandestine. C'était le cas, il y a quelque mois, de quatre athlètes marocains (Driss Bouaâoui, Moulay Abdelahak Sobhi, Souad Al Karbouchia et Nadim Drissia), qui avaient pris part aux derniers championnats du monde de cross country, qui ont eu lieu à Bruxelles. Défection suite à laquelle les responsables de la FRMA n'ont pas voulu se prononcer. Là aussi les athlètes n'étaient pas munis de leurs passeports, mais il y avait quelqu'un derrière eux pour leur faciliter la tâche. Selon Aziz Daouda, directeur technique national, ces derniers ont été contactés par des managers qui leur ont promis, outre une prise en charge tout au long de leur séjour en Hollande, une carrière professionnelle prometteuse. Depuis quelque temps, les défections dans l'athlétisme se sont multipliées. Avant Bruxelles, il y avait l'affaire des neuf athlètes de l'équipe nationale universitaire qui ont disparu dans la nature, il y a de cela plus de deux ans. Autre cas, celui de l'équipe nationale de volley-ball féminine, qui avait pris part un tournoi en Espagne. Le rugby, lui aussi, n'a pas été épargné avec l'affaire des 13 rugbymen. Invités par un club français pour disputer quelques matchs amicaux, ces derniers ont fait défection en France. Faute de vision, d'horizon, de moyens, de cadre socio-économique favorable, d'encadrement, les jeunes sportifs ne savent plus où donner de la tête. Pour eux, la seule solution pour s'épanouir et aspirer à un avenir plus rose est de changer de cieux. Or, ils ont oublié que les grands noms du sport national ont montré tout leur talent ici au Maroc avant de briller de mille feux… ailleurs.