Les détenus politiques palestiniens poursuivent leur grève de la faim. Les autorités pénitentiaires israéliennes ne pensent qu'à briser leur mouvement qui prend de plus en plus d'ampleur. Ils ne cherchent qu'une amélioration des conditions de réclusion, réclamant davantage de visites de leurs proches et le droit de téléphoner plus souvent. Les détenus politiques palestiniens réclament notamment la suppression des vitres les séparant de leurs parents durant les visites, la fin des fouilles corporelles humiliantes et des punitions en cellules spéciales très étroites. L'unique réaction de la part des autorités israéliennes fut de se pencher sur la manière la plus efficace de briser ce mouvement. Dès le deuxième jour de cette grève, Ofer Lefler, porte-parole des prisons, avait précisé qu'elles envisageaient de faire griller des viandes à proximité des prisonniers, dans l'espoir que l'odeur affaiblisse leur résolution et les fasse plier. C'est ce que les responsables des prisons en Israël appellent «des moyens psychologiques pour traiter des problèmes comme celui-ci». Fidèle à ses déclarations, le responsable de la sécurité intérieure dans l'Etat hébreu vient de réaffirmer à la radio israélienne que l'administration pénitentiaire est bien décidée à affronter cette grève, même si elle devait durer plusieurs mois. Tsahi Hanegbi a parlé ainsi juste après une réunion d'évaluation de la situation qu'il a eue avec les responsables de l'administration pénitentiaire. Autrement dit, les autorités israéliennes ne se sentent nullement concernées par le drame qui risque d'en résulter, même si les grévistes y laissent tous la vie. Ces derniers, qui se comptent par milliers (dans les prisons de Nafhah et d'Eshel, dans le Sud, ainsi que celle de Hadarim, au Nord de Tel-Aviv, etc), ont décidé de pousser jusqu'à l'extrême dans ce qu'ils appellent «la guerre des intestins vides». Ils s'abstiendront de faire entrer autre chose que l'air dans leurs estomacs. Même pas une goutte d'eau. Une grève de la faim à « l'irlandaise» dont la plus célèbre victime est Bobby Sands. Ce dernier était l'officier commandant les prisonniers républicains (irlandais loyalistes), il fut le premier des dix grévistes de la faim à mourir en 1981 dans l'attente de retrouver le statut de prisonnier politique. C'est probablement pour que les Palestiniens n'aient pas leur «Sands» que les autorités pénitentiaires israéliennes ont transféré Marwane Barghouti, chef du Fatah en Cisjordanie, dans le pavillon des détenus du droit commun. Considéré comme l'instigateur et le coordonnateur de cette grève, les israéliens tentent de briser sa volonté en le poussant à mettre fin à la grève, estimant que le reste des grévistes suivrait automatiquement. D'un autre côté, Houssam Khadr, membre du Conseil législatif palestinien, a déclaré (par le biais de son avocat) de l'intérieur de la prison de Hadarim que l'état de santé des grévistes est des plus piteux. En attendant, les grévistes se consolent par le soutien et le sacrifice des leurs. Plus de 3 000 personnes ont participé à Gaza à une marche de solidarité avec les prisonniers grévistes. Brandissant des photos de détenus et des pancartes appelant à leur libération, les manifestants ont remis aux bureaux de l'ONU une lettre destinée au secrétaire général de l'organisation, Kofi Annan, l'appelant à «faire pression» sur Israël pour mettre fin aux mauvais traitements dont sont victimes les détenus politiques palestiniens. A Hébron, en Cisjordanie, une grève commerciale a été observée en signe de solidarité avec les détenus ,alors que des dizaines de personnes ont protesté devant les bureaux locaux du CICR (Comité international de la Croix-Rouge) pour exiger leur libération. Et à Ramallah, des dizaines de Palestiniens ont afflué dans une grande tente pour témoigner leur sympathie à l'égard des parents de prisonniers qui s'y étaient rassemblés. Des dizaines de manifestants se sont, de leur côté, massés samedi matin respectivement devant les centres de détention de Hasharon, Meggido et Shata, au nord de Tel-Aviv, également pour exiger que les autorités pénitentiaires israéliennes respectent les droits fondamentaux des prisonniers. Côté officiel palestinien, le ministre chargé des prisonniers, Hicham Abdelrazek, a annoncé que l'Autorité palestinienne en appelle à l'ONU pour que «nos détenus soient considérés comme des prisonniers de guerre, puisque nos territoires sont occupés ». En attendant, «la guerre des intestins vides» continue.