Ingénieur Ponts et Chaussées, opérateur dans le secteur des BTP au Maroc et à l'international, Youssef Tazi, 42 ans, fait partie de la jeune garde de l'Istiqlal qui aspire à prendre du grade. Aujourd'hui Le Maroc : Cons-eiller à la deuxième Chambre, comptez-vous vous présenter au suffrage direct pour les législatives de septembre prochain ? Youssef Tazi : Non, je ne compte pas me présenter au suffrage direct pour les législatives de septembre prochain. Pour quelle raison ? Craignez-vous d'affronter les électeurs? Pas du tout. Les gens qui m'ont élu en me faisant confiance sont des professionnels de la région de Rabat, qui exercent dans les métiers du Commerce, de l'Industrie et des Services. Ceux qui m'ont élu en 1997 et réélu en septembre 2000, comptent sur moi pour défendre leurs intérêts lors des discussions des différentes les lois qui sont censées régir leurs professions ou avoir une influence sur la marche de leurs affaires et donc sur leurs vies professionnelles. Pour quel mode de scrutin va votre préférence ? Je préfère le mode de scrutin par liste car pour des élections législatives nous devons voter pour des partis, pour leur programme et non pour des personnes. Aux partis donc de choisir leurs têtes de listes, capables de défendre leurs idées. Les batailles seront donc dures pour être désignés têtes de liste, qui généralement seront les seuls admis au Parlement. C'est cette position de choix qui déterminera donc le siège parlementaire. Etes-vous satisfait de l'action du gouvernement dit d'alternance en général et de celle des ministres de l'Istiqlal en particulier ? Ce gouvernement étant un gouvernement de l'alternance consensuel regroupant trop de partis, son action du fait de cette hétérogénéité s'en est trouvée amoindrie. Cependant, de grandes avancées ont été concrétisées sur les plans des libertés et du social. Néanmoins, côté économie, le gouvernement a manqué de courage et d'audace . J'espère que le futur exécutif donnera la priorité à la croissance économique. Sans quoi, notre pays ira au-devant de grandes difficultés : exacerbation du chômage, montée de la pauvreté… Le parti de l'Istiqlal est accusé par certains observateurs de verser dans la démagogie à l'approche des élections. Que répondez-vous à cela ? Le parti de l'Istiqlal est un grand parti, structuré, représentant toutes les couches de la population marocaine. Son ambition de jouer un rôle de premier plan dans la gestion des affaires du pays est légitime. À l'instar des autres partis, il se prépare aux élections de Septembre prochain en organisant sa campagne électorale par la mise en place d'une stratégie qui soit efficace et cohérente. Cela dit, certains croient détecter en notre formation des tendances démagogiques, d'autres par contre s'y identifient et adhérent à ses choix politiques. Cela dépend de quel côté on se place. Il est de plus en plus certain que l'opération de recrutement de 30.000 Marocains pour des bateaux de croisière est une grosse escroquerie. Malgré cela, l'Istiqlal continue à nier cette réalité et prendre cette affaire à bras le corps …Qu'en pensez-vous ? Au jour d'aujourd'hui, nous ne savons pas s'il y a escroquerie ou pas car les départs sont prévus pour la mi-août. Et si escroquerie il y a, ce ne sera pas du fait des Marocains car nous n'avons fait que répondre à une offre venue de l'étranger et dont les donneurs d'ordre sont connus et identifiés. Personnellement, depuis le début de cette affaire, j'ai été sceptique. J'ai fait part de mon doute à mes amis à l'Istiqlal en leur demandant de prendre toutes les précautions pour ne pas embarquer tout le monde dans la galère.. Mais il est désormais établi que l'agence émiratie Al Najat a escroqué d'autres pays avant le Maroc sur la même affaire… J'espère pour mon pays et pour ces milliers de jeunes qui attendent que c'est moi qui me trompe.