La guerre dont les tambours tonnaient en sourdine entre l'USFP et l'Istiqlal est-elle officiellement déclarée ? L'animosité entre les deux partenaires gouvernementaux semble avoir dépassé le stade de l'escarmouche sporadique pour celui du tir groupé. La tension semble être montée d'un cran depuis le passage le jeudi 20 juin, de M. Abbas El Fassi, secrétaire général du PI sur le plateau de 2M dans le cadre de l'émission «Fi Al Wajiha». le chef de file des istiqlaliens avait alors abordé une multitude de sujets avec au centre l'appréciation du bilan du gouvernement de l'alternance, les carences de l'exécutif, l'institution du Premier ministre, les réformes non réalisées, l'environnement électoral etc. Pour de nombreux observateurs, l'USFP se retrouvait souvent en pleine ligne de mire du secrétaire général du PI et la riposte ne faisait déjà aucun doute. Une promesse de coup de fouet au «débat» politique national à quelques encablures du début officiel de la campagne électorale, mais qui opposerait paradoxalement les deux poids lourds de la majorité gouvernementale. M. El Fassi avait en substance considéré que l'institution du Premier ministre etait directement en rapport avec l'alternance consensuelle, ajoutant que le Premier ministre, Abderrahmane Youssoufi, premier secrétaire de l'USFP, avait des engagements vis-à-vis de feu SM HassanII, dont, lui, n'avait pas connaissance. Il avait également dressé un tableau de réformes figurant sur la déclaration gouvernementale et qui n'aveint pas été réalisées. A ce titre, il avait évoqué la question de la déclaration du patrimoine, la réforme fiscale, la réforme de la justice et la mise en place d'une agence nationale chargée du foncier. M. El Fassi avait également affirmé qu'aucune concertation n'avait plus lieu au sein de la Koutla démocratique et que les partis représentés au gouvernement se réunissaient uniquement dans le cadre de la majorité gouvernementale et ce «en dépit de l'insistance par écrit du PPS, de l'OADP en plus du PI». Il avait également pointé du doigt la poistion de l'USFP ne n'annoncer ses éventuelles alliances qu'après la publication des résultats des législatives. Mardi, le journal Al Ittihad Al Ichtiraki, organe de l'USFP, publiait à la «une» ce qui a été considéré comme la riposte des socialistes. «Les partis alliés et concurrents du parti de l'Istiqlal, feront une lecture des propos de M ; Abbas el Fassi tels que prononcés et à la lumière du décor politique qui se profile derrière ces propos», prévenait le journal. Le secrétaire général du PI est, d'entrée de jeu, traité de fossoyeur zélé de la koutla démocratique. suit une longue liste de griefs issus d'une «lecture à tête reposée» des propos de M. El Fassi. L'organe de l'USFP s'étonne ainsi de «l'audace» du leader du PI quand il déclare que les élections de 1976 étaient positives et n'avaient fait l'objet d'aucun recours. Il pointe «le dribble talentueux», quand il s'est agit de la question de la constitution, du rôle des conseillers, de la problématique des ministres de souveraineté, de l'affaire de la CNSS et la «transaction» émiratie relative à l'embauche de 30.000 marocains. Ces affaires et d'autres, estime le journal, auraient dû être traitées avec objectivité et franchise pour préserver la crédibilité du parti de l'Istiqlal. Il ne s'arrête pas là et déduit que « Abbas El Fassi est prêt à s'allier avec le diable, pour parvenir à ses fins», en référence à l'évaluation du secrétaire général du PI du bilan du gouvernement où selon lui «la référence islamique fait défaut». Une évaluation que l'organe de l'USFP taxe de tentative de remporter «la sympathie des mouvements islamistes, courtisés par le secrétaire général du PI. C'est loin d'être un lapsus, commente le journal, puisque M. El Fassi «répète les mêmes propos dans les meetings publics qu'il organise et fait de l'accusation d'apostasie à l'égard du gouvernement un nouvel axe de sa compagne délibérée contre l'exécutif et ceux qui le dirigent».