Forte houle permanente sur le secteur de la pêche depuis quelques semaines. Le navire amiral du département de tutelle, les grosses pièces des principaux armateurs, les embarcations des pêcheurs syndiqués, sont pris dans son mouvement, tanguant au gré d'un bras de fer qui se poursuit par voie de communiqués de presse et d'insertions publicitaires. Forte houle permanente sur le secteur de la pêche depuis quelques semaines. Le navire amiral du département de tutelle, les grosses pièces des principaux armateurs, les embarcations des pêcheurs syndiqués, sont pris dans son mouvement, tanguant au gré d'un bras de fer qui se poursuit par voie de communiqués de presse et d'insertions publicitaires. L'opinion publique est perdue au milieu de ces flots. D'une part, l'Omnium marocain de pêche (OMP), multiplie les SOS. Crie à la tentative de torpillage via une grève qui aurait l'aval et le soutien du ministre de tutelle. Se dit victime d'une marginalisation du dialogue social mené à Agadir. De manœuvres visant à l'empêcher de circoncire la grève. De tentatives de main mise sur son patrimoine. Et remet en question la réalisation d'un nouveau projet qui devait engranger quelque 3000 emplois supplémentaires dans ses installations de Tan Tan. D'autre part, le ministre de la Pêche, Said Chbâatou, met en avant les apports de son plan d'aménagement qui, dans la pêcherie du pouple a permis de réduire de 20 pc le tonnage des captures tout en valorisant le produit de 2200 dollars à 6300 dollars la tonne. Souligne la nécessité de corriger l'injustice faite aux marins à travers ce plan d'aménagement. Et rappelle toutes les tentatives faites par ses services pour rapprocher les positions des armateurs et marins et éviter le mouvement de grève dans un secteur qui ne peut se permettre ce luxe. Chaque partie avance ses arguments. Laisse pointer ses accusations. Et le vent des licences de pêche accordées récemment à un groupe privé mauritanien vient tendre davantage la voile de la discorde. La ménagère, elle, ne fait pas le poids. Tout ce qu'elle sait, c'est que sur les étals des poissonniers, elle n'a plus autant le choix. Quand même elle l'aurait, que sa bourse ne le lui permettrait guère. Pourtant, ces européens qui désertifiaient nos zones de pêche, pillaient la ressource au delà de toute possibilité de renouvellement, dictaient leur loi sur les eaux territoriales, sont partis. Elle ne comprend pas que le poisson puisse rester aussi rare et aussi cher. Que les choses ne se soient pas améliorées. Que le secteur de la pêche ne fournisse plus autant d'emplois que par le passé. Quand elle s'en étonne auprès de son poissonnier, la réponse tombe comme un couperet. Le bon poisson ? mais il a été pris par les Espagnols ! comment cela ? Ils ont vidé les lieux depuis longtemps et se sont même vengés sur nos tomates et nos immigrés. Certes, lui répond-t-on, mais depuis ils ont trouvé la parade. Ce qu'ils ne peuvent plus pêcher dans les eaux marocaines, ils viennent tout simplement l'acheter sur les côtes du royaume. Du premier choix. Tout frais. Que les marins marocains ont pêché pour eux.