Le président français a décoré, dimanche 15 août, de la Légion d'honneur 21 anciens combattants issus d'Afrique pour le rôle du continent dans la libération de la France du joug nazi. Cette cérémonie émouvante s'est déroulée à bord du porte-avions Chrales-de-Gaule en présence de 15 chefs d'Etat et de gouvernement africains. Un hélicoptère a déposé SM le Roi et la Princesse Lalla Salma à bord du porte-avions Charles-de-Gaulle qui mouillait en rade de Toulon. Ils ont été accueillis par le président français Jacques Chirac et son épouse Mme Bernadette. Dans une allocution, prononcée devant quatorze chefs d'Etat africains invités à bord du porte-avions, Jacques Chirac a rendu un vibrant hommage à Feu Mohammed V pour son engagement auprès de la France. «A la libération, le général De Gaulle a conféré la Croix de compagnon de la libération au Sultan Mohammed Ben Youssef», a tenu à rappeler M. Chirac. «Permettez-moi, Sire, de citer les mots que prononça votre illustre grand-père aux heures les plus sombres de notre histoire», a ajouté le président français en s'adressant à SM le Roi Mohammed VI. Jacques Chirac a aussi témoigné sa «gratitude» aux «valeureux soldats» qui ont combattu pour la France. Ils «se sont magnifiquement illustrés dans les combats de notre libération. Ils paieront un lourd tribut à la victoire», a précisé le président français. La cérémonie était dédiée aux Africains qui ont débarqué sur les plages de la Provence le 15 août 1944. Au total 450.000 soldats. Parmi eux 85.000 Marocains. Des goumiers, tabors, tirailleurs et spahis, engagés auprès de la France pour la libérer de l'occupation nazie. Rien n'a été épargné pour que la cérémonie soit grandiose. Même pas un défilé naval, constitué de 27 bâtiments de combat dont la frégate Mohammed V. La revue navale, le degré le plus élevé des honneurs rendus aux chefs d'Etat par la Marine, a été précédée d'un défilé aérien et suivie d'une démonstration de la patrouille de France, ainsi que de feux d'artifice. Le président français a offert ensuite un dîner en l'honneur des chefs d'Etat africains. En plus de SM le Roi Mohammed VI, ont pris part à la cérémonie : Abdoulaye Wade (Sénégal), Amadou Touré (Mali), Marc Ravalomanana (Madagascar), François Bozizé (Centrafrique), Abdelaziz Bouteflika (Algérie), Paul Biya (Cameroun), Idriss Deby (Tchad), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Mathieu Kérékou (Bénin), Gnassingbé Eyadéma (Togo), Ismaël Omar Guelleh (Djibouti), Mamadou Tandja (Niger) et Azali Assoumani (Comores). A l'issue du dîner, le Souverain a regagné le Maroc dimanche soir. Il a adressé un message de remerciements au président français. Il y loue l'exemplarité des relations entre la France et le Maroc et les valeurs qu'ils ont en commun : «Cette action commune a constitué un jalon supplémentaire dans l'instauration entre nos deux pays d'un partenariat exemplaire, devenu aujourd'hui, une référence dans l'espace euro-méditerranéen, maghrébin et africain. Au-delà de la promotion d'intérêts réciproques, il témoigne de notre attachement aux valeurs de liberté, de fraternité et de démocratie que nous avons en partage. » Par ailleurs, des vétérans de la guerre ont été décorés de la Légion d'honneur. Des conflits qui ont mené le Marocain Ali Sarira de la Corse à l'Italie, puis en France, en Allemagne et, enfin, en Indochine. Ali Nadi, 80 ans, qui a été décoré par Jacques Chirac, a précisé de son côté, dans une déclaration à la MAP, qu'il revenait pour la première fois en France après l'avoir quittée en janvier 1946. Il a formulé le souhait que la France révise le système des pensions versées aux anciens combattants. «Je touche 60 euros par mois. C'est peu». Il n'est pas le seul vétéran fier d'être honoré, mais qui aimerait que cette reconnaissance s'accompagne d'un geste financier. Les vétérans étaient en effet mécontents du mauvais sort financier qui leur est fait. L'un d'eux a même déclaré à la presse: «Les médailles ne se mangent pas».