Plus d'une décennie de rencontres et d'accords israélo-palestiniens n'a pas réussi à réaliser la paix. Avec les tergiversations israéliennes et la partialité américaine, l'espoir de paix s'est amenuisé. Ariel Sharon l'a pratiquement anéanti. Tôt mardi, l'armée israélienne a pris d'assaut le quartier général de l'Autorité palestinienne à Hébron, tuant quatre policiers, selon un bilan provisoire. Un nouveau symbole, le fort, de la souveraineté palestinienne est bafoué dans la nouvelle escalade israélo-palestinienne. Un nouveau pas est franchi pour éloigner les belligérants de cette paix qui, à un moment de leur histoire commune, était si proche. Quand, le 13 septembre 1993, Ithzak Rabin et Yasser Arafat signaient à Washington la déclaration commune qu'ils avaient secrètement négociée à Oslo, l'espoir d'une paix définitive dans cette région meurtrie du monde s'était fait jour dans les esprits. Les choses semblaient évoluer dans le bon sens. Les deux parties avaient entamé leurs premières négociations bilatérales en novembre 1991. Elles avaient pris part à la conférence de Madrid, fin octobre de la même année et avaient fini par se reconnaître mutuellement et par signer la déclaration d'Oslo en ce 13 septembre 1993. Mais c'était compter sans l'intransigeance israélienne et la partialité des Etats-unis, pourtant principal « parrain » du processus de paix. La colonisation s'est poursuivie, les colonies ont continué à proliférer, la vie des palestiniens est devenue encore plus dure et ce fut l'inévitable explosion de la violence. Pourtant on semblait en bonne voie. Début mai 1994, Yasser Arafat et Itzhak Rabin ratifiaient au Caire les modalités d'application de l'accord du 13 septembre 1993, dites accord d'Oslo I. Le 26 septembre de l'année suivante, les deux parties signaient un accord intérimaire (dit Oslo II) sur l'extension de l'autonomie. Quelques semaines après, Itzhak Rabin tombait sous les balles de l'étudiant d'extrême droite Ygal Amir, qui confectionna ainsi le premier pan du linceul de la paix dans la région. Malgré les violences de part et d'autre, le processus de paix subsiste tant bien que mal et le 5 mai 1996, s'ouvrent formellement les négociations sur le statut final des territoires occupés. Mais l'accession au pouvoir en Israël de la coalition de droite et d'extrême droite emmenée par M. Benyamin Nétanyahou, devait tempérer cet élan. Nétanyahou et Arafat s'entendent, néanmoins, en janvier 1997, sur le retrait de l'armée israélienne des quatre cinquièmes de la ville d'Hébron et sur la poursuite de la mise en oeuvre d'Oslo II. En octobre 1998, Israel s'engage en vertu de l'accord de Wye Plantation à se retirer, dans les trois mois, de 13 % supplémentaires de la Cisjordanie, à ouvrir un «passage sûr» entre celle-ci et la bande de Gaza et à libérer 700 prisonniers palestiniens, en échange d'un engagement de l'Autorité palestinienne à réprimer plus fortement les mouvements «terroristes», avec l'aide de la CIA. Israel tergiversera. En dépit de cela, Yasser Arafat consent à rencontrer Ehud Barak, nouveau venu au pouvoir en Israel, pour signer les accords de Charm el-Cheikh en septembre 1999. Une année plus tard, en juillet 2000, il prend encore part au sommet de «Camp David II», qui s'achèvera sans accord. Un maillon du processus de paix était cassé. Ariel Sharon amenuisera toute chance de le souder en se rendant, le 28 septembre 2000, sur l'esplanade des Mosquées à Al-Qods.