Les services de sécurité marocains ont interpellé, dimanche 23 juin, à l'aéroport Mohammed V à Casablanca, cinq ressortissants saoudiens. Ces passagers s'apprêtaient à quitter le territoire national en direction de leur pays. Les intéressés, qui font actuellement l'objet d'un interrogatoire, sont soupçonnés d'avoir partie liée avec les 3 membres de la cellule Al Qaïda démantelée récemment au Maroc. Les 5 Saoudiens, qui sont des militants de l'organisation islamiste Addaâwa Wattabligh, séjournaient légalement dans le Royaume depuis plusieurs mois. Ce qui a attiré l'attention des autorités marocaines c'est leur passage à Nador où ils ont demandé des informations sur les zodiacs…Malgré l'authenticité de leur situation, l'inquiétude ambiante des services de sécurité marocains imposait aux cinq saoudiens le statut de suspects. Par conséquent, ils faisaient l'objet d'une surveillance très étroite jusqu'au moment de leur arrestation. Il faut dire que le dernier coup de filet réussi au Maroc et les réactions internationales qui s'en sont suivies ont fait des services de sécurité marocains des instances en extrême état d'alerte avec un maximum de mobilisation. Les autorités marocaines ont découvert les prémices d'un noyautage activiste de la mouvance islamique qui n'a aucun rapport avec les traditionnels mouvements locaux comme Al Adl Wal Ihsane par exemple. Il s'agit du syndrome afghan matérialisé par les adeptes d'Al Qaïda sous le commandement de l'homme le plus recherché du monde : Oussama Ben Laden. Le réseau démantelé le mois dernier de par sa façon de passer inaperçu pendant des années, l'implantation de ses membres au fin fond de la société marocaine, justifie largement l'inquiétude des services marocains et constituent plus qu'une raison pour ces derniers de travailler jour et nuit afin de remonter l'ensemble des filières, y copris au sein de mouvements de l'islamisme politique légal. Dans ce contexte, les autorités marocaines bénéficient de la confiance internationale, et les déclarations du Prince Soltane Ibn Abdelaziz précisément vont dans ce sens. Le deuxième vice-président du Conseil des ministres et ministre saoudien de la Défense et de l'Aviation, a déclaré dimanche qu'il a «entièrement confiances» dans la justice marocaine. Répondant à une question sur l'éventuelle extradition des ressortissants saoudiens arrêtés dernièrement au Maroc et accusés d'appartenir au réseau Al Qaïda, le prince Soltane Ibn Abdelaziz a souligné qu'« il ne faut pas anticiper les événements. Nous attendons les conclusions de nos frères marocains qui jouissent de la confiance de tous». Dans des déclarations à la presse à l'issue d'une cérémonie de fin d'année dans une école, le prince saoudien, a estimé que la justice marocaine est en mesure d'instruire cette affaire et qu'il n'y a nul besoin de dépêcher une délégation saoudienne pour interroger ces personnes accusées de préparer des attentats-suicides contre des navires étrangers dans le détroit de Gibraltar et des objectifs marocains. De sources proches du dossier, on apprend que les officiels marocains et saoudiens ainsi que les services de sécurité des deux pays ont régulièrement coordonné -et continuent de le faire - leurs actions pendant toutes les phases de cette enquête. Il convient de rappeler que les membres du réseau démantelé avaient parfaitement réussi à incarner l'image de gens ordinaires, simples et qui vaquaient à leurs occupations le plus normalement du monde sans éveiller le moindre soupçon dans leur entourage. Ils sortaient et rentraient au pays à leur guise. Or ces gens, ordinaires en apparence, préparaient une opération terroriste de grande envergure. L'opération Gibraltar. Ils ont procédé à des reconnaissances des lieux en se déplaçant à Nador et Fnideq. Tout en jouant les touristes innocents et curieux, ils amassaient un tas d'informations sur le degré de facilité d'accès à Sebta et Melilia. Ils envisageaient de louer une demeure assez spacieuse pour y cacher des zodiacs. Un point commun avec les nouveaux interpellés, membres de la Jamaâ Addaâwa wattabligh, qui sont soupçonnés d'avoir partie liée avec les 3 membres de la cellule Al Qaïda démantelée récemment au Maroc. Si les institutions marocaines chargées de la sécurité intérieure et extérieure du pays n'auront désormais plus de répit ni de repos, leur vigilance accrue suscite une considération méritée.