On en parle peu, mais c'est un gros revamping que subissent actuellement les établissements et entreprises publics nationaux (EEP). Et pour cause, les budgets de ceux-ci sont en train d'être entièrement revus dans le cadre de la loi de finances 2016. Objectif avoué au niveau du ministère des finances: «optimiser l'apport financier octroyé à chaque entreprise et institution publique afin de l'aider à participer de façon efficace aux grands chantiers de développement». Et ce n'est pas tout. Des réformes tous azimuts sont également opérées pour redorer le blason de ces institutions que l'on considérait comme «vieillottes», archaïques, inadaptées et sclérosées. C'est en substance ce qui ressort d'une circulaire qui a été publiée récemment par le ministère des finances ( Détail ). Voici un tour d'horizon sur les réformes attendues lors du prochain exercice financier. 1) Chaque projet d'EEP passera par une étude préalable Fini le temps où les EEP décidaient à tout-va de se lancer dans des chantiers sans en mesurer la portée ou l'impact. Les EEP sont désormais invités à fournir une étude préalable de faisabilité du projet qu'ils veulent entamer, mais aussi de ses effets sur le plan social et économique. Des mesures qualitatives et quantitatives précises, ainsi que le détail des procédés et étapes du projet, selon un calendrier et un planning précis doivent être présentés par les EEP aux instances gouvernementales. 2) Le secteur privé doit être impliqué davantage L'expérience démontre que le privé a toujours son mot à dire au niveau du développement d'un pays. Plus rationnel, plus rapide et détenteur d'un savoir-faire et de compétences que le public n'a pas toujours, le privé devrait être systématiquement invité à accompagner les EEP dans leurs grands projets structurants. En contrepartie, le suivi doit être renforcé au niveau des prestations accomplies par les entreprises privées pour le compte des EEP. Les délais de paiement doivent être raccourcis et les octrois de marchés plus rigoureux. 3) La priorité doit être accordée aux grands projets d'investissements étrangers Priorité aux grands projets d'investissement, pourvoyeurs d'employabilité et de valeur ajoutée pour le pays. Les EEP devront donc s'atteler à servir en premier ces grands projets à l'impact économique certain pour le Royaume. Ainsi, l'arrivée de PSA à Kénitra, par exemple, devra mobiliser toute l'attention des EEP pour mettre en place les infrastructures nécessaires à son installation et à l'implantation de l'écosystème automobile. 4) Payer les fournisseurs en moins de 60 jours C'est un véritable casse-tête financier et comptable qui attend les EEP, mais il en va de la compétitivité du Royaume et de l'accélération des projets entamés. Parmi les mesures phares qui deviendront obligatoires dès 2016, le paiement des fournisseurs de prestations et de services effectués pour le compte d'EEP, dans un délai ne dépassant pas 60 jours. Il convient de rappeler que la priorité sera accordée aux prestataires nationaux au niveau des marchés publics. PME et PMI nationales devront être impliquées à hauteur d'au moins 20% dans chaque projet. 5) Limiter l'endettement des EEP Le cas de l'ONEE est révélateur à plus d'un titre. Sa déchéance financière avait décidé le gouvernement à fermer les vannes du recours facile au crédit pour les EEP dont la trésorerie est parfois mise à mal. Désormais, pour se renflouer, les EEP devront multiplier leurs sources de financement et ne solliciter les bailleurs de fonds qu'une fois qu'ils seront fixés sur leurs propres capacités réelles de remboursement, en tenant également compte des risques liés aux mouvements de change lorsqu'ils font appel à un bailleur étranger.