Après deux récents coups de filet liés à la fois au réseau Ben Laden et aux groupes GSPC et GIA, les soupçons sur l'implantation d'Al-Qaïda en Algérie sont de plus en plus vérifiés. Les deux derniers faits remontent à ce week-end. Vendredi soir, tout d'abord, un Algérien accusé de préparer un attentat contre l'ambassade américaine à Paris, a été interpellé au Canada par une unité antiterroriste. Le Globe and Mail précisait samedi qu'il s'agissait d'Adel Tobbichi, 34 ans, soupçonné d'établir de faux documents pour le compte d'individus liés au réseau Al-Qaïda. Et d'avoir participé à plusieurs attaques islamistes en Algérie pour le compte du Groupe salafiste pour la prédication et le combat d'Hassan Hattab. Dimanche, à quelques milliers de kilomètres de là, la presse italienne revenait quant à elle sur la préparation d'un attentat contre la Basilique de Bologne, dans le nord de la péninsule. Cet édifice, San Petronio, abrite une fresque du XVème siècle montrant le Prophète Mohamed en enfer, précisait le quotidien milanais Corriere della Sera. Une création de Giovanni de Modène que l'Union des Musulmans d'Italie avait à maintes reprises demandé de voiler, estimant qu'elle faisait offense à l'Islam. Le Corriere a expliqué dans son édition de dimanche que les carabiniers ont intercepté des conversations téléphoniques dans le cadre d'une enquête sur les réseaux islamistes dans le pays. Ce qui leur a permis d'arrêter et de condamner à Milan sept Tunisiens accusés d'avoir fourni «un soutien logistique aux recrues d'Al-Qaïda en Europe». Si ces hommes ne sont pas algériens, ils sont néanmoins soupçonnés d'être liés au GSPC. Et ce serait justement cette cellule milanaise du groupe islamiste algérien qui préparait l'attentat contre la basilique de Bologne depuis février… Sur les ordres de leur chef Hassan Hattab, a ajouté le Corriere. Au lendemain du massacre de Zéralda, la presse algérienne s'est d'ailleurs fait largement l'écho de l'implantation progressive d'Al-Qaïda. Le Matin écrivait par exemple lundi que «la recrudescence du terrorisme dans notre pays et la rapidité avec laquelle ces groupes ont pu se réapproprier l'avantage du terrain semblent de ce point de vue difficiles à dissocier de la nouvelle stratégie d'Al-Qaïda d'autant que des experts de la CIA et du FBI ont, il y a quelques jours seulement, averti de la possibilité d'attentats suicides en Algérie ». Et le quotidien algérois d'expliquer que «le récent démantèlement d'une cellule d'Al-Qaïda au Maroc et l'attentat de Djerba confirment que, même affaiblie, l'organisation internationale de Oussama Ben Laden tente de se redéployer au Maghreb». Une organisation que les Etats-Unis s'activent à démanteler aux Philippines, en Afghanistan mais aussi en Europe et sur son propre sol, sans pouvoir la détruire. Narguée par les récentes déclarations télévisées, sur Al-Jazeera, d'un porte-parole du réseau, Abou Ghaïth, l'Amérique vient encore de sombrer un peu plus dans la frénésie. Malgré d'importants coups de filet et la détermination affichée par le président Bush, Abou Ghaïth a promis de nouvelles attaques et assuré que son chef Ben Laden -toujours mis à prix à hauteur de 25 millions de USD- «se portait bien». John Cooley, journaliste américain et auteur de plusieurs livres sur l'islamisme, a quant à lui expliqué lundi, dans les colonnes du Matin, la réelle menace d'Al-Qaïda sur le Maghreb, après le démantèlement du réseau marocain, l'attentat tunisien, et les craintes qui pèsent sur l'Algérie. Si le journaliste a affirmé ne pas croire que «Ben Laden ait des buts directs en Algérie», les récentes arrestations d'Algériens liés au GIA et au GSPC et en relation avec le réseau terroriste prouvent que les groupes algériens ont reçu de l'aide de la part d'Al-Qaïda. «Ce qui est certain, c'est que Ben Laden a un rôle dans la naissance des groupes terroristes en Algérie. Il a contribué à leur financement dans les années 90 lorsque les gens sont rentrés d'Afghanistan», a-t-il déclaré. Affaire à suivre.