L'avenir des retraites souffre de problèmes liés à leur financement. Divers facteurs démographiques, économiques et financiers concourent à la dégradation du système. Le principe du transfert des revenus est compromis par la récession économique et par le vieillissement de la population. Une refonte de l'ensemble de l'édifice s'impose. Avec l'annonce de la démission d'Abdeljalil Chraïbi, Président de la CIMR (Caisse Interprofessionnelle Marocaine de Retraite), le dossier explosif du régime de retraite revient encore une fois au-devant de la scène. Dans le contexte actuel, il ne faut pas interpréter le départ de M. Chraïbi comme étant un acte sans importance. Loin de là. La démission de ce vieux routier de l'assurance confirme encore une fois la difficulté de réformer la CIMR, mais surtout les réticences quant à la refonte de l'ensemble du système. Aujourd'hui, le constat fait l'unanimité. Le système de retraite a démontré ses limites et ses défaillances avec le temps. La réforme devient alors une nécessité voire une urgence. Quels sont les facteurs qui justifient la refonte du système ? A en juger par le rythme de vieillissement de la population marocaine, ce phénomène aura un impact négatif sur les différents régimes existants. A titre de rappel, le système de retraites marocain comprend plusieurs régimes dont chacun fait l'objet de dispositions différentes. Il faut ajouter à cela la présence des caisses internes de retraite qui pour la plupart opèrent dans l'illégalité. Cette situation dure depuis 1977, date de la mise en place du régime collectif d'allocation des retraites (RCAR) dont bénéficie les salariés des organismes publics. Aujourd'hui, la situation est préoccupante dans la mesure où dans les décennies à venir, il n'y aura pas assez d'actifs pour assurer les retraites des inactifs. Une telle situation a été observée dans d'autres pays. Selon les chiffres officiels disponibles, en 2060, le phénomène de vieillissement se fera sentir compte tenu que les personnes âgées de 65 ans et plus représenteront 20,8% de la population : 9,7 millions. Parallèlement, selon les prévisions, les personnes actives constitueront 27,85 millions, soit 61,4%. Au cours d'une conférence organisée récemment, les responsables de la Caisse Marocaine de Retraite ont indiqué que s'il y a 20 ans, les 60 ans et plus représentait 4% de la population, actuellement, elle avoisine les 8%. Dans le même ordre d'idées, le département de l'Economie et des Finances relève de son côté que dans les quelques années à venir, la hausse du nombre des cotisants sera de 60% alors que pour les retraités, elle sera de l'ordre de 380%. Quelle lecture faire de ces chiffres ? L'accroissement de la population active sera donc insuffisant pour prendre en charge la retraite des inactifs. Les retraités pèseront de plus en plus sur le régime. Ce sont surtout les générations à venir qui seront les premières victimes du système actuel de répartition dans la mesure où il ne leur garantit pas leur retraite. Comment alors faire face à cette situation qui prend des proportions de plus en plus importantes ? Conseillé par les experts de la Banque Mondiale, le Ministère de l'Economie et des Finances a élaboré un projet de réforme dans ce sens. Ce texte dort toujours dans les tiroirs de la Primature. Le projet en question du projet propose deux types de couverture : deux obligatoires et un facultatif. La première de couverture obligatoire sera toujours assuré par la Caisse Nationale de Sécurité Sociale pour le compte du privé. Quant au public, la couverture sera gérée par la Caisse Marocaine de Retraite. La deuxième catégorie de couverture obligatoire, elle sera prise en en charge comme toujours par Caisse Interprofessionnelle Marocaine de Retraite pour le privé. Le Régime Collectif d'Allocation Retraite assura le personnel du public. Ces deux types de couverture feront partie du système baptisé, régime de base. Les compagnies d'assurances assureront le troisième type de couverture. Ce dernier sera facultatif. Il s'agit là d'un régime de retraite complémentaire.En attendant, le projet en question a peu de chances de voir le jour. Du moins, si l'on en juge par l'approche des échéances électorales. Il semble que le gouvernement ne souhaite pas accélérer la cadence. Pourtant, il s'agit d'un chantier dont les enjeux économiques et sociaux sont stratégiques.