La maîtrise des risques peut devenir une hantise pour une entreprise. En plus des risques classiques auxquels elle est constamment confrontée tels sa gouvernance, le marché financier ou encore l'état du secteur, l'entreprise se doit d'adopter une approche risque dans sa politique RSE. Pourquoi faire? C'est la question à laquelle ont tenté de répondre les experts ayant participé le 9 juillet 2015 au workshop organisé par l'Association pour le développement de la responsabilité sociétale des organisations (RSO) au Maroc. Un workshop qui se propose de mettre en exergue les liens entre RSE et gestion des risques. C'est l'idée ayant motivé une palette d'experts venus démontrer, analyser, et débattre autour des champs d'application de la gestion des risques et de la RSE. «Nous essaierons de montrer comment une démarche de responsabilité sociétale pourrait prendre en compte la gestion de toutes les formes de risques de l'entreprise», a fait savoir Mohammed Aziz Derj, président de l'association à l'origine de cet évènement. Si l'on peut considérer aujourd'hui que les risques sont plus clairs et mieux définis, il est difficile d'en dire autant pour leur complexité. Comme expliqué par Hakim Nadir, directeur général de Buzzichelli, pour les entreprises marocaines notamment, où l'on baigne plus dans un mode de gestion à la méditerranéenne, les risques peuvent être plus compliqués à gérer notamment avec une ouverture sur des marchés réputés pour leur rigueur (risques juridiques liés marchés et à la nature des contrats anglo-saxons, ndlr). S'ajoutent à cela bien évidemment des risques climatiques, économiques, réglementaires, sociaux, politiques, financiers… Pour synthétiser, Khalid Mountassir, expert-comptable diplômé ISACA (Certified In Risk and Information Systems Control CRISC, ndlr), a procédé à une classification de risques en endogènes et exogènes. Les premiers sont liés selon lui au système d'information, à l'organisation RH et à la gouvernance de l'entreprise tandis que les seconds, moins maîtrisés, sont ceux dépendant du secteur et du marché dans lesquels opère cette même entité. Quant à la RSE, et si elle pourrait être considérée comme risque, Khalid Mountassir explique : «Quand on parle d'une gestion de risque-intégrée et globale, on ne peut pas en exclure la RSE. C'est une composante de la gestion des risques dans le sens où elle en traite un certain nombre, notamment ceux sociaux». On ne peut toutefois pas dire que toute gestion de risques inclut et implique impérativement la RSE. Si l'on se base sur les conclusions apportées par ce workshop, la RSE n'est pas un risque mais une démarche qui suppose une réflexion management de risques. La RSE a beaucoup de similitudes en tant qu'approche globale avec le management des risques. C'est justement ce qu'essaie de vulgariser Hakim Nadir selon qui, le fait d'intégrer la RSE comme une approche de gestion globale de risques témoigne aujourd'hui d'une étape de maturité de l'entreprise. «La maîtrise de risque est un outil. La RSE est un engagement à long terme», conclut-il. Intervenant à l'occasion du workshop autour de la RSE et de la maîtrise des risques, Abelhafid Rerhaye, animateur de programmes associatifs et ex- secrétaire général d'OCP, s'est intéressé à cette notion de liens possibles entre la RSE et le management des risques. Il attire l'attention sur un point important : la RSE ne peut pas tout régler mais peut servir d'amortisseur en cas de crise de l'entreprise, notamment de crise mettant en cause sa réputation. «Il faut éviter de croire que la RSE est la réponse à toutes les crises. C'est l'esprit, le fait d'intégrer cette voie qui est important pour communiquer, nouer des contacts et tisser des confiances qui puissent aider à mieux approcher certains risques». Le seul moyen de réussir cela est de «prendre la balle au vol. Quand on parle d'opportunités, on parle d'un magnétisme à saisir. D'où l'importance de la formation continue. C'est ce qui permet d avancer», insiste l'ex SG d'OCP.