Déplorant les pratiques et les jeux d'alliances malsains qui ont caractérisé l'après 12 septembre, Mahmoud Archane, Secrétaire général du Mouvement démocratique et social, prône une restructuration du champ politique national de façon à avoir une majorité et une opposition claires et durables. Edifiant. ALM : D'aucuns qualifient ce qui s'est passé, lors des dernières élections au sein de la majorité gouvernementale, de mascarade. Quelle est votre propre appréciation de la situation on ne peut plus illogique qu'a générée le scrutin du 12 septembre ? Mahmoud Archane : La remarque que je peux formuler est celle du recul des valeurs dans les mœurs politiques nationales. Marchandages, achat de voix, corruption… des pratiques malsaines se sont ajoutées à d'autres. Le paysage politique a été tronqué par un jeu d'alliances aussi hétéroclite que malsain, anachronique. Ce constat est d'autant plus alarmant qu'on ne sait plus quel parti fait partie de la majorité et quel autre appartient à l'opposition. Le gouvernement est construit sur la même base, le même critère que tout le reste, à savoir l'aléatoire. La majorité qu'il a formée n'est pas normale. Ce qui est normal, c'est que cette situation se répercute sur la démocratie locale qui n'est qu'une conséquence logique du replantage qui a marqué la constitution du gouvernement après les élections législatives. La présence d'un Premier ministre technocrate, ne participe-t-elle pas à cet anachronisme? Franchement, je crois que ce n'est pas la principale source des problèmes que vit le champ politique actuel au Maroc. Cette anarchie est due au contexte général qui manque de toute forme de cohérence. Ce n'est pas en réunissant un ramassis de gens, toutes appartenances confondues, et en faire un gouvernement qu'on forme une majorité. Il faut désormais que l'on clarifie la situation. Moraliser la vie politique du pays devrait commencer par le gouvernement. Quel bilan faites-vous de l'action menée par le gouvernement actuel ? Le gouvernement actuel, malgré toute sa bonne volonté, est toujours en mal d'une vision à moyen et long termes. On agit au jour le jour. Le destin du pays ne doit pas dépendre de tel ou tel bloc ou aile, mais d'une vision globale. Nous avons besoin d'un gouvernement national qui puisse répondre aux aspirations légitimes du peuple marocain et suivre les orientations de S.M le Roi. Nous avons aussi besoin d'avoir une visibilité qui dépasse les tracas inter-partis pour présenter des solutions aux vrais problèmes du pays. Nous sommes face à des défis énormes. Les questions du Sahara marocain, de l'emploi nécessitent une mobilisation générale et de tous. Il faut installer un minimum de cohérence au niveau des structures. Que le gouvernement émane d'un ensemble cohérent et qu'il ait en face un autre ensemble, une opposition. Et surtout, que chacun y reste. Et ce sera à chacun de faire ses preuves. Et au peuple d'opter pour l'un ou l'autre.