Quelle démarche pourrait conduire à placer le système d'éducation et de formation sur les rails de la qualité ? C'est la question principale sur laquelle s'est penché le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) en évaluant la mise en place de la Charte nationale de l'éducation entre 2000 et 2013. La réponse à cette interrogation dépasse le cadre analytique fixé à ce rapport d'évaluation, explique-t-on dans ce rapport présenté, il y a quelques jours, par Omar Azziman, président du CSEFRS, qui a détaillé les grands défis de l'avenir de l'école marocaine. Le premier défi concerne la pression démographique. L'offre scolaire doit donc prendre en considération l'accroissement des effectifs. Le deuxième défi est relatif au financement de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique. En effet, la Charte a bien souligné le rôle de l'Etat et sa responsabilité dans la prise en charge de la généralisation de l'éducation obligatoire. Mais, selon la même source, l'évolution démographique, l'exigence d'assurer un saut qualitatif à l'éducation et aux formations et l'impulsion de la recherche scientifique nécessitent la consolidation et la diversification des ressources humaines. Ce rapport prévoit plus d'un million d'étudiants dès 2021 et le double du budget actuel affecté à l'enseignement. Le troisième défi est lié à la réforme au sein de la classe. Selon ce document, les résultats de l'évaluation des acquis des élèves révèlent que l'effet des réformes qui se sont succédé n'arrive pas à améliorer les acquis. Ainsi, pour changer de paradigme éducatif, il faut un travail de redéfinition du socle des connaissances à faire acquérir aux élèves, des projets d'innovation pédagogique à instaurer dans les classes en menant des expériences pilotes et une personnalisation des apprentissages à adopter avec des méthodes différenciées qui prennent en charge les élèves au cas par cas, selon la même source. Et c'est dans ce cadre que le CSEFRS souligne l'importance d'une réforme par le bas, au niveau des classes. «L'école de demain est celle d'une scolarité obligatoire qui garantit aux élèves l'acquisition d'un socle indispensable des connaissances, perceptible dans l'évaluation de leurs acquis. Ceci va contribuer à la démocratisation de l'éducation et favoriser l'égalité des chances», lit-on dans ce rapport. La problématique linguistique est l'objet du quatrième défi. Ainsi, le CSEFRS précise que l'évaluation des acquis en langues met en évidence un déficit linguistique des élèves qui constitue un des facteurs entravant les processus d'apprentissage. En effet, les acquis des élèves sont dans l'ensemble faibles en lecture et en écriture. Or écrire et lire constituent l'initiation de base à l'éducation et au code éducatif. Selon la même source, les choix linguistiques demeurent insuffisamment définis et un positionnement dans le système d'éducation et de formation en tant que langues d'enseignement et langues enseignées n'est guère explicité. «L'incohérence linguistique, qui caractérise ainsi le système d'éducation et de formation, exige, dès lors, de repenser la politique linguistique au sein de notre pays dans une perspective d'équilibre durable entre le principe de justice linguistique et l'impératif de la maîtrise des langues étrangères», relève-t-on dans ce document. Par ailleurs, le corps professoral est au cœur du cinquième défi. Ainsi, on parle désormais de mutation du métier de l'enseignant. En effet, le système éducatif doit anticiper les évolutions futures de cette profession : les exigences de l'évolution du métier imposent un nouveau mode de formation et de formation continue à même de mettre l'enseignement en capacité de répondre aux impératifs d'une éducation de qualité et de valoriser le métier. Le sixième défi concerne l'université qui devra faire face à la compétition internationale. Actuellement, les universités à travers le monde sont assujetties à l'évaluation, à l'accréditation et une classification internationale. Le rapport indique que cette situation n'est pas sans exposer l'université marocaine à l'épreuve du classement au niveau international. Ce dernier incitera certes à réfléchir à la mise en place d'une stratégie nationale de développement du potentiel d'évolution de l'université marocaine sur le plan mondial. «Rehausser une ou deux universités aux standards internationaux, c'est tirer le système universitaire vers le haut et créer l'effet multiplicateur de l'émulation. L'université de demain connaîtra une masse grandissante d'étudiants et sera de plus en plus ouverte sur l'international», note-t-on dans ce rapport. Le septième défi est relatif à la professionnalisation et à l'employabilité. Un défi qui implique une cohérence et un partage des rôles entre le système de formation et d'éducation, le monde économique, le monde de l'entreprise et le marché de l'emploi qui définissent clairement leurs besoins à travers un observatoire de l'emploi. La menace de la fracture numérique constitue le huitième défi. Dans ce sens, le CSEFRS met l'accent sur la nécessité de préparer la vigilance de l'élève et rehausser sa capacité à faire des choix sur le Web pour contourner certaines incivilités du monde virtuel et devenir un cyber-citoyen. Le neuvième défi est celui de la société du savoir à travers le développement de la recherche scientifique. Le dixième et dernier défi est celui de la qualité. Ainsi, la Charte a ébauché une orientation vitale pour offrir de meilleures chances d'éducation par l'élargissement de l'accès à l'école tout en garantissant davantage de chances d'achever une scolarité en améliorant l'équité et la qualité de l'apprentissage.