La vision stratégique de la réforme de l'enseignement (2015-2030) vise à jeter les bases de l'école de l'équité, de la qualité et de la promotion, pour former le bon citoyen et répondre aux attentes du projet de société citoyen, démocratique et de développement, adopté par le Maroc. Elaborée par le Conseil supérieur de l'Education, de la Formation et de la Recherche scientifique (CSEFRS), cette Vision aspire à une école nouvelle qui contribuera à l'intégration du Royaume dans l'économie et la société du savoir et au renforcement de sa position parmi les pays émergents et favorisera le passage d'une société de consommation du savoir à une société qui le produit et le diffuse, grâce à la maîtrise des technologies numériques et au développement de la recherche scientifique et de la culture de l'innovation et de l'excellence. L'Ecole se situe actuellement au cœur du projet de société du Maroc, en raison des missions qu'elle se doit d'assumer dans la formation des futurs citoyens, dans la réalisation des objectifs du développement humain durable et dans la garantie du droit à l'éducation pour tous. Considérée comme un pilier principal dans la construction du projet sociétal du Maroc et dans la réussite de ses projets de développement, l'Ecole a toutefois besoin, pour accomplir ce rôle, de connaître un développement durable fondé sur la qualification des ressources humaines et matérielles et sur l'interaction positive avec son environnement. Le CSEFRS note que l'école marocaine a réalisé des acquis qu'il y a lieu de capitaliser et de faire évoluer, dont l'actualisation du cadre juridique et institutionnel, les progrès réalisés dans la généralisation de la scolarisation, la mise en place des structures institutionnelles d'une gouvernance décentralisée, avec le développement des académies régionales et une autonomie relative des universités. Le Conseil retient également dans ce cadre la révision des curricula et des programmes scolaires, la restructuration pédagogique de l'enseignement supérieur, l'intégration de l'enseignement de la langue et de la culture amazighes, la réorganisation des filières et l'élargissement progressif des capacités d'accueil de la formation professionnelle, ainsi que le projet de réhabilitation de l'enseignement traditionnel. Il n'en demeure pas moins que l'Ecole marocaine souffre encore de dysfonctionnements chroniques que le Conseil a relevés dans le rapport établi par l'Instance Nationale d'Evaluation à propos de la mise en œuvre de la Charte Nationale d'éducation, de formation et de la recherche scientifique 2000 2013 : les acquis, les déficits et les défis. Ces dysfonctionnements, souligne le Conseil, apparaissent au niveau de la cohésion du système et de l'articulation de ses différentes composantes, au niveau de son efficacité et de son rendement interne et externe et au niveau de l'adéquation des programmes et des formations avec la demande de l'environnement. Ils concernent aussi l'intégration dans la société du savoir et des technologies et l'accompagnement des progrès de la recherche scientifique, du monde de l'économie et des domaines du développement humain, environnemental et culturel. Les choix de la société marocaine, qui a connu des transformations structurelles profondes couronnées par la constitution de 2011, amplifient les enjeux sociétaux et les défis que l'Ecole est appelée à relever dans le futur , note le CSEFRS, ajoutant que malgré les efforts fournis pour l'évolution de l'Ecole, leurs effets qualitatifs sont restés limités tant au niveau de l'acquis des apprenants, des pratiques pédagogiques que de l'état des établissements scolaires. Fruit d'un large travail participatif, collectif et intense, la vision stratégique de la réforme de l'enseignement 2015-2030 est fondée sur les constantes constitutionnelles du Royaume: la religion musulmane, l'intégrité territoriale, la monarchie constitutionnelle, le choix démocratique, l'identité marocaine unifiée dans la diversité de ses composantes, ouverte sur le monde et mue par les valeurs de la modération et de la tolérance, et la juste corrélation entre le sens de l'appartenance et celui du dialogue des cultures et des civilisations, indique le Conseil. Elle a pour finalité d'asseoir une Ecole nouvelle portée par trois grands fondements : l'équité et l'égalité des chances, la qualité pour tous et la promotion de l'individu et la société. Pour cela, elle vise à renforcer les acquis, proposer des solutions pour les questions transversales en suspend et opérer les coupures nécessaires. Elle allie aussi ambition et réalisme, définition des priorités et progression dans l'exécution. Ces fondements sont en même temps des éléments structurants et des finalités idéales de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique tout au long de la période retenue. Dans cette perspective, les objectifs du changement sont : Le passage de la logique de la transmission linéaire du savoir et de la mémorisation à une logique de l'apprentissage, du développement du sens de la critique, de la construction du projet personnel, de l'acquisition des langues, des connaissances et des compétences, des valeurs et des technologies numériques. Les objectifs portent également sur l'amélioration continue du rendement interne et externe de l'Ecole, la création des conditions favorables pour que l'Ecole puisse remplir les missions de socialisation, d'éducation aux valeurs nationales et universelles, d'enseignement et d'apprentissage, de formation et d'encadrement, de recherche et d'innovation, de qualification à l'intégration socioculturelle et à l'insertion économique et enfin d'adéquation continue des programmes et des formations avec les besoins des nouveaux métiers et des métiers de l'avenir et d'une manière générale, avec les exigences du développement durable du pays.