Un nouveau scandale de dopage ébranle l'athlétisme national avec le contrôle positif par la fédération internationale d'athlétisme de deux athlètes marocains. Il s'agit de Abdelkader Hachlaf spécialiste du 1500 m et Khalid Tighziouine coureur de 800m. Les responsables de l'athlétisme national se sont emmurés dans le silence total. Impossible de les joindre pour recueillir leurs réactions sur cette sombre histoire qui porte un nouveau coup à l'image de la discipline après l'affaire Boulami et Laghzaoui. Abdelkader Hachlaf et Khalid Tighziouine. Deux noms qui font beaucoup parler d'eux ces derniers jours. Et pour cause, ils se trouvent au centre d'un scandale de dopage qui ébranle les milieux athlétiques nationaux. Le premier Abdelkader Hachlaf né en 1978, spécialiste du 1 500m, discipline dont il détient la médaille de bronze, glanée lors des championnats du monde en salle organisés en 2003 à Birmingham en Angleterre, a été testé positif à l'érythropoïétine (EPO), hormone dopante figurant en tête de la liste des substances illicites interdites par l'Agence mondiale antidopage (AMA). Le jeune athlète a été testé en avril dernier. La Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) a informé la Fédération royale marocaine un mois après le prélèvement de l'échantillon testé, comme le stipulent les règlements en vigueur à ce sujet. Depuis, c'est le black-out total. L'instance nationale n'a apparemment rien fait. Abdelkader Hachlaf a disparu de la circulation, ne se trouvant plus ni au centre d'athlétisme à Rabat, ni à celui d'Ifrane. Ce silence peut s'expliquer, selon des responsables de l'instance fédérale, par la non-préméditation. Explication du médecin de la fédération, Dr Lahssane Zejly (voir l'entretien ci-contre). Ce dernier estime qu'Abdelkader Hachlaf s'est dopé à son insu, puisqu'il a consommé la substance illicite dans le cadre d'un traitement qu'il prenait régulièrement. Le médecin traitant de l'athlète était au courant et l'a signalé aux responsables fédéraux. C'est pour cette raison que Hachlaf, ayant pourtant réalisé le minima olympique, ne figurait pas sur la liste préliminaire des athlètes qui prendront part aux Jeux Olympiques d'Athènes. Le cas de Khalid Tighziouine est tout différent. Cette athlète est apparemment un grand connaisseur des anabolisants et autres substances dopantes, puisqu'il a été pris la main dans le sac à deux reprises. Ce spécialiste du demi-fond, le 800m plus exactement, a été contrôlé positif à la nandrolone, il y a de cela une trentaine de jours alors qu'il se trouvait en Allemagne pour prendre part à un meeting local. L'année dernière, ce même Tighziouine se trouvait dans la même situation. La substance décelée cette fois-ci n'était autre que la caféine, autre substance illicite listée par l'AMA. Convoqué devant une commission de la fédération marocaine, l'athlète n'a même pas nié. Il a avoué s'être dopé mais a invoqué un traitement dermique qu'il suivait. Il a alors été blanchi de toute accusation. Aucune réaction officielle n'a émané de la FRMA. Les responsables de cette dernière n'ont pas cru bon informer l'opinion publique de ces deux cas de dopage qui ternissent l'image de l'athlétisme national à trois semaines du début des épreuves d'athlétisme à Athènes (20-29 août). Une chose est sûre néanmoins, les deux athlètes risquent une suspension de deux années, sanction prévue par les règlements de l'IAAF dans une telle situation. Abdelkader Hachlaf et Khalid Tighziouine. Deux espoirs de l'athlétisme mondial qui marchaient sur les pas d'un Saïd Aouita, une Nawal El Moutawakkel ou un Hicham El Guerrouj. Mais voilà. Ils ont choisi le moyen le plus court pour détruire leur carrière, celui de la facilité. Mais qu'est- ce qui les a poussés à suivre ce chemin ? Une ambition illimitée ou un simple désir à ne fournir aucun effort ? Quelle que soit la réponse, une chose est sûre : ce scandale frappe donc de plein fouet une discipline sportive jadis synonyme d'exploits à l'international mais qui souffre aujourd'hui de grands maux. En deux années, ce sont pas moins de quatre athlètes, et non des moindres, à s'être dopés, à commencer par Brahim Boulami, ex-détenteur du record du monde du 3 000 steeple, contrôlé positif à l'érythropoïétine (EPO) et suspendu pour deux années par l'IAAF, sans oublier Asmae Laghzaoui, athlète qui promettait à l'EPO mais dont la carrière a été remise en cause par un contrôle positif à l'EPO également. Mais il n'y a pas que les scandales de dopage qui souillent l'athlétisme national. La situation de ce dernier est tellement catastrophique que les athlètes marocains ne ratent aucune occasion de plier bagage et de courir sous d'autres couleurs. Le cas de Rachid Ramzi, espoir du 1 500m, actuellement de nationalité bahreïnie, est emblématique. Celui de Hind Cherif Dehiba, spécialiste du 1 500m naturalisée française, il y a une dizaine de jours, vient s'ajouter à une liste, malheureusement de plus en plus longue.