ALM : L'UMG tient son premier congrès international. Dans quel cadre s'inscrit cette manifestation ? Aziz Hilali : L'intérêt du premier congrès international de L'Union méditerranéenne des géomètres, prévu les 17 et 18 avril 2015 à Marrakech sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, avec le soutien de l'Ordre national des ingénieurs géomètres topographes (ONIGT), de l'Union arabe des géomètres (UAG) et de la Fédération des géomètres francophones (FGF), est de permettre la consolidation des structures de l'Union et sa portée stratégique en tant que cadre de partenariat et d'échange. Ce congrès sera également l'occasion de renforcer la mission de l'UMG, de rapprocher davantage et d'unir les deux rives de la méditerranée sur des questions pertinentes en relation étroite avec la profession d'ingénieur géomètre. Un défi de taille qu'on peut illustrer à travers l'exemple du littoral méditerranéen comme secteur du développement durable. Pourquoi avoir choisi la sauvegarde du littoral comme thématique principale de l'événement ? La question du littoral a de tout temps figuré en bonne place dans les préoccupations de l'ingénieur géomètre. Il s'agira d'approcher la gestion du littoral (comme projet structurant d'envergure et vecteur du développement durable), le foncier et l'aménagement du territoire, l'habitat et l'urbanisation galopante, la bonne gouvernance des ressources, l'écotourisme, etc. Des questions d'un grand intérêt pour l'ingénieur géomètre. Je voudrais préciser à ce sujet que l'ingénierie topographique a largement contribué à la coordination d'actions communes de développement de partenariats pour pallier les problèmes de dégradation du littoral. Notre organisation s'inscrit aujourd'hui dans cette optique et porte, à mon sens, en son sein tout le potentiel requis pour fédérer les volontés et édifier une coopération méditerranéenne solide. En effet, elle dispose de tous les atouts stratégiques et opérationnels pour maintenir vivace cette dynamique partenariale ambitieuse avec les Etats riverains des deux rives de la Méditerranée et avec les organisations professionnelles des ingénieurs géomètres tant à l'échelon national, régional, intra-régional qu'international. Quels sont les enjeux qui découlent de cette problématique ? La façade maritime méditerranéenne est un espace géographique remarquable en termes de richesse écologique, d'urbanisation littorale et de pression démographique de toutes sortes, mais aussi d'efforts de protection. Toutefois, l'implantation effrénée d'infrastructures touristiques, côtières et urbaines, la surexploitation des ressources naturelles et notamment de l'eau, ne cessent de dégrader son environnement le rendant encore plus vulnérable aux répercussions des changements climatiques. Les enjeux sont aujourd'hui de taille et soulèvent un grand nombre de questions pour tous les acteurs politiques, les décideurs et les professionnels, notamment les ingénieurs géomètres impliqués dans sa planification, son aménagement et sa gestion. Ainsi, sur ces questions et d'autres touchant à la conservation des sites naturels, à la dynamique de la biodiversité, à l'écologie, au développement durable, aux risques naturels, le littoral méditerranéen interpelle tous ces acteurs. Comment s'organise le métier d'ingénieur géomètre et quels sont les obstacles qu'affrontent les professionnels ? La profession d'ingénieur géomètre au Maroc comme dans d'autres pays de la Méditerranée est organisée en ordre professionnel. En effet au Maroc, l'Ordre national des ingénieurs géomètres topographes (ONIGT) est une institution gouvernementale qui, en vertu de la loi 30-93, est dotée de la personnalité morale. Cette loi, depuis sa promulgation en 1995, délègue et confère à l'ONIGT les pouvoirs de réglementer et de gérer l'exercice de la profession d'ingénieur géomètre topographe (IGT) au Maroc. L'ONIGT est l'instance qui défend les intérêts moraux et matériels de ses membres et qui œuvre à rehausser le niveau de la profession par l'organisation de sessions de formation continue, de manifestations scientifiques et professionnelles. Parmi les principaux obstacles qu'affronte la profession, je citerais deux cas : la concurrence déloyale qui s'exerce à deux niveaux. D'abord au niveau de certains établissements publics qui ne s'inscrivent guère dans la politique gouvernementale encourageant l'initiative de l'entrepreneuriat tel que prévu par la Constitution et qui monopolisent certaines prestations du secteur privé. Ensuite au niveau d'autres corps de métier qui empiètent sur les prestations, prévues par la loi, de l'ingénieur géomètre topographe. Le deuxième obstacle concerne la baisse vertigineuse des honoraires des ingénieurs géomètres topographes (IGT) du secteur privé qui impacte le développement de l'entreprise topographique. Malheureusement, cette baisse d'honoraires est encouragée par l'administration publique au niveau des appels d'offres, en adoptant la politique du «moins disant». Les instances de l'ONIGT déploient tous les efforts pour pallier à ces difficultés en sensibilisant les IGT à maintenir un seuil respectable d'honoraires en se regroupant et en imposant la formation continue ainsi que la mise à niveau de l'entreprise. En ce qui concerne l'administration publique, l'ONIGT noue des partenariats fructueux «gagnant-gagnant» qui s'inscrivent dans la trajectoire des politiques gouvernementales.