Si le monde du football a pu être choqué par la comédie jouée par Rivaldo à la fin du match contre la Turquie, les Brésiliens eux-mêmes ne vont probablement pas se scandaliser pour si peu. Dans un pays où le vocabulaire du football comprend des expressions comme "cavar um penalti" (dénicher un penalty), "malandragem" (finesse et malice) et "esperteza" (finesse et habileté), la prestation de l'attaquant du Barça est tout bonnement considérée comme un moyen légitime de gagner un match. Rivaldo l'a dit lui-même, il a fait jouer son "expérience" lors de cet incident qui a conduit à l'expulsion du joueur turc Hakan Unsal. L'incident a valu une amende de plus de 6000 dollars à Rivaldo. Mais ce dernier ne regrette rien. Il a jugé que le joueur turc méritait de toute façon d'être expulsé pour son geste. Dans le football brésilien, la "malandragem" est une vertu. « En football, il faut un minimum d'astuce. Les footballeurs brésiliens sont malins, c'est pour cela qu'ils ont quatre étoiles sur leur maillot », avait déclaré Roberto Carlos bien avant le Mondial, en référence aux quatre titres de champion du monde. Après le match, Luizao, auteur du but sur penalty des brésiliens, a confié qu'il avait tenté d'influencer l'arbitrage, une autre pratique que la Fifa a promis de sanctionner. "Dès que j'ai entendu le coup de sifflet, j'ai ramassé le ballon et je l'ai placé sur le point de penalty", a-t-il dit. Les joueurs brésiliens sont à bonne école, leur entraîneur Luiz Felipe Scolari étant le premier à dire que la victoire compte avant tout. "Quand un joueur s'effondre, trois autres doivent tomber avec lui", déclare l'entraîneur. "On aura peut-être un carton jaune mais peu importe." Quand il était entraîneur du club de Palmeiras, Scolari était accusé par les équipes rivales de donner des instructions aux ramasseurs de ballon pour qu'ils jettent des ballons de rechange sur le terrain et perturbent ainsi le jeu des équipes adverses. A la question de savoir s'il utiliserait la même "malandragem" pendant cette Coupe du monde, l'entraîneur brésilien a répondu: "Ici en Amérique du Sud, même la ruse est méritoire. On aime bien penser avoir joué un bon tour à son rival et à l'arbitre."