L'ancien ministre de l'Artisanat et de l'Economie sociale, Moulay M'hamed El Khalifa, assure que le départ d'Abdelkrim Ghellab de la direction du journal «Al Alam» sera examiné plus tard. Pour ce qui est de sa démission du parti, elle est catégoriquement rejetée. ALM : Le comité exécutif du parti de l'Istiqlal a-t-il rejeté la démission d'Abdelkrim Ghellab du poste de directeur du journal «Al Alam» ? Moulay M'hamed El Khalifa : En fait, lors de sa dernière réunion, le comité exécutif du parti de l'Istiqlal a reporté la question de la démission du journal à plus tard. Il ne s'est donc pas prononcé sur cette démission. En revanche, sur sa démission du parti, le comité a été on ne peut plus clair. Abdelkrim Ghellab est une personnalité hautement importante dans l'histoire et le présent du Parti de l'Istiqlal. Comme je l'ai toujours dit, l'action, la pensée et le parcours d'Abdelkrim Ghellab symbolisent parfaitement le Parti de l'Istiqlal. En somme, reporter l'examen de la démission du journal revient implicitement à l'accepter… Non, absolument pas. Abdelkrim Ghellab a invoqué les raisons de sa démission, que j'estime totalement justifiées. Mais il faut faire une nette distinction entre la démission d'un poste de responsabilité et la démission d'un parti politique. Dans le premier cas, on décide de ne plus assurer une fonction donnée ; dans le second, on met fin à une adhésion quasi-spirituelle à un parti. Dans le cas d'Abdelkrim Ghellab, aucun militant ne lui permettra de quitter le Parti de l'Istiqlal. Enlever du journal le nom d'Abdelkrim Ghellab, n'est-ce pas une manière de l'écarter de cet organe de presse ? Vous faites bien de soulever cette question. Pour lever tout équivoque, je tiens à préciser que c'est Abdelkrim Ghellab en personne qui a souhaité que son nom soit enlevé du journal. Il s'est rendu personnellement à la rédaction d'«Al Alam» et a insister énergiquement pour que son nom soit ôté. Ce n'est nullement une décision du parti. Le comité exécutif a décidé de rendre visite à Ghellab pour le dissuader de démissionner. Quels sont les membres qui feront partie de cette délégation ? Tous les membres du comité exécutif veulent se rendre chez lui. Nous n'avons pas affaire à un simple militant. Nous avons un seul message à lui transmettre : pas question de démissionner du Parti de l'Istiqlal. Et s'il rejette votre demande? Nous allons tout faire pour qu'il l'accepte. Car, comme j'ai souligné, il est inconcevable pour nous de concevoir le Parti l'Istiqlal, avec Abdelkrim Ghellab à l'extérieur. Abdelkrim Ghellab a mis en exergue, au moment de sa démission, une certaine dérive politique et morale au sein du parti. Qu'en pensez-vous ? Tout d'abord, Ghellab est tout à fait libre d'exprimer ses opinions. Personnellement, je ne souhaite pas en rajouter. Je pense qu'il serait plus sage de discuter et d'examiner en profondeur, plus tard, les raisons de la démission de Ghellab. En d'autres termes, nous nous attelons maintenant à dissuader Ghellab de démissionner. Vous avez certainement, lors de la réunion du comité exécutif, soulevé l'affaire de Abderrazak Afilal. Comme je vous l'ai dit, les évènements qui ont poussé Ghellab à déposer sa démission seront traités dans un futur proche par les organes du parti. Mais vous, personnellement, qu'en pensez-vous ? Sincèrement, je pense que l'affaire Afilal-Slimani-Laâfoura est prématurée. J'entends par là que la culpabilité de chacune de ces trois personnes ne peut être prononcée que par les tribunaux. C'est le principe de la présomption d'innocence. La Justice est d'ailleurs en train d'examiner cette affaire. En attendant, Abderrazak Afilal, Abdelmoghit Slimani et Abdelaziz Laâfoura doivent être considérés et traités comme des innocents. Personnellement, tel que je le connais, je suis convaincu qu'Afilal ne peut pas se compromettre dans une affaire louche. J'espère que je ne me trompe pas. Pensez-vous que le parti va sortir indemne de cette crise ? Je l'espère. C'est une crise, comme vous dites. Je souhaite que sa durée soit la plus courte possible. Et je pense que le parti va déployer tous les efforts nécessaires pour la dépasser. Les militants doivent comprendre cela et faire confiance en leur parti et en sa capacité de s'autoréguler.