Le port du voile dans les écoles belges continue de susciter un débat animé au sein des formations politiques, des établissements scolaires et des communautés d'origine maghrébine. Un débat organisé dimanche par la chaîne de télévision «RTBF» a été une nouvelle fois l'occasion de découvrir combien il était difficile de trouver un consensus à propos de ce sujet très controversé qui va jusqu'à diviser les responsables d'un même parti politique, en l'occurrence le mouvement réformateur (MR), l'une des plus importantes composantes de la coalition gouvernementale. Se démarquant d'une «position commune» adoptée récemment au sein du gouvernement de la communauté française de Belgique qui admet cette pratique sous conditions, le président de ce mouvement Daniel Ducarme a estimé que le port du voile dans les écoles doit se limiter «à ce qui est essentiel au moment de l'expression de sa foi», c'est-à-dire pendant les cours de religion. Le ministre-président de ce gouvernement autonome Hervé Hasquin (également du MR) avait présenté, à la mi-mai, cette position commune, estimant que les manifestations de signes religieux doivent être acceptées tant qu'elles ne relèvent pas du «prosélytisme, ne résultent pas de pressions et ne heurtent pas le principe de la mixité des cours». Il avait également insisté sur l'importance de dissocier le débat en lui-même, des appréhensions que développent certains citoyens envers ce qui leur apparaît comme étranger. «Cette peur et cette méconnaissance doivent être combattues, et c'est ce à quoi s'affaire le gouvernement», avait-il dit. Mais le chef de file du MR ne l'entend pas de cette oreille et affirme que le port du voile doit être limité au cours de religion, sinon « il peut ouvrir la porte aux dérives communautaires (communautaristes) au sein même de l'école». Daniel Ducarme estime cependant que cette question ne pourra être tranchée qu'après concertation avec les représentants des différentes communautés religieuses. Reste qu'actuellement, l'appréciation est laissée à chaque établissement scolaire sur la base de son règlement intérieur. la seule base légale, c'est un décret datant de 1994 qui prévoit l'obligation de neutralité de l'enseignement dans la communauté française et fait référence à «l'esprit de tolérance». Selon une étude publiée récemment en Belgique, seulement 2% des jeunes filles musulmanes fréquentant les écoles bruxelloises portent le voile, soit 672 sur 9.056 élèves. De même, 89% des établissements bruxellois appartenant au réseau libre et 78% des écoles du réseau officiel (enseignement communautaire) refusent d'inscrire les jeunes filles voilées.