Avant de lancer l'appel d'offres international pour la location des terres agricoles de la Sodea et la Sogeta, le ministère de l'Agriculture s'est réuni, hier à Rabat, avec les professionnels. Le but est de peaufiner le cahier des charges. Le ministre de l'Agriculture, Mohand Laenser, s'est réuni, lundi matin à Rabat, avec les responsables des principales associations professionnelles afin de débattre du projet de location des terres agricoles appartenant à la Sodea et la Sogeta. Cette rencontre de concertation a ainsi pour but premier "d'écouter les investisseurs nationaux avant la finalisation du cahier des charges qui définit les engagements contractuels entre l'Etat et le privé", a déclaré le ministre de l'Agriculture. A cette occasion, ce dernier a annoncé que son département allait bientôt lancer un appel d'offres international concernant les 56.500 hectares dédiés au projet de partenariat au profit des investisseurs privés, nationaux et étrangers. C'est un immense projet de partenariat public-privé qui mérite d'être extrêmement bien ficelé afin d'éviter le fiasco. Et pour cause, le ministère espère ainsi drainer pas moins de 2 milliards de DH d'investissement mobilisés par les opérateurs privés nationaux et étrangers. Ce projet de partenariat prévoit également la création de nouveaux emplois et la sauvegarde de ceux déjà existants dans le monde rural, soit un total de 20.000 emplois permanents. Ces 56.500 hectares sont répartis sur 205 projets, qui couvrent 10 régions économiques du pays et concernent 23 provinces et préfectures. Sur les 205 projets d'investissement (dont les fiches techniques ne seraient pas encore disponibles), le ministère a prévu 28 unités industrielles essentiellement pour la transformation des agrumes et du raisin. Jusqu'à présent, deux options sont retenues par le ministère concernant le lancement de cet appel d'offre: l'émettre les 205 projets en un seul coup, ou en revanche les lancer par étapes en plusieurs groupes de projets. Autre inconnue: le prix de la location. Le ministre assure que cette information sera bientôt disponible. En tout cas, les investisseurs savent déjà que le loyer sera "très intéressant". Certains professionnels ayant participé à la journée de concertation ont exprimé leur souhait d'acheter carrément les terrains. Le problème est que légalement, l'Etat est incapable de vendre ces terrains. Tout ce qu'il peut faire c'est les louer. Cependant, les responsables du ministère de l'Agriculture prévoient d'inscrire dans le contrat de location une sorte de "promesse de vente" au cas où les lois seraient modifiées. Ceci-dit, le gouvernement ne devrait pas céder aux pressions et au diktat des investisseurs. En termes clairs : comment se fait-il que l'idée de créer de pôles d'activités dans le domaines agricole soit écartée? Le ministère avait prévu, pour chaque projet, une culture bien déterminée afin de préserver une harmonie dans la production et une complémentarité entre les différentes régions du Maroc. Aujourd'hui, à la suite des pressions exercées par les professionnels, cette vision n'est plus à l'ordre du jour. Le ministère donne la liberté totale à l'investisseur de développer n'importe quelle filière. Les professionnels marocains veulent aller plus loin: établir une quote-part pour les investisseurs étrangers. Ils prônent ainsi le retour au protectionnisme et le renoncement aux principes de la mondialisation. Au mieux, ils souhaitent que tout investisseur étranger soit contraint de s'associer à une nation.