Entamés le 4 juillet et se déroulant sur deux jours à Paris, les travaux de la sixième réunion de haut niveau maroco-française ont été consacrés à l'élargissement du partenariat entre les deux pays en ouvrant son champ d'action également à la société civile. Paris, dimanche 4 juillet en début d'après-midi. Fidèle à sa réputation, la ville est déserte ce jour-là. Les boutiques sont fermées, les restaurants à peine entrouverts. La finale de l'Euro 2004 constuituait le seul sujet de discussion et faisant office de seul motif de sortie pour les habitants de cette ville, qui compte entre autres nationalité, une forte présence de la communauté portugaise. Mais un autre événement, non moins important, aux yeux des officiels français et marocains en tout cas, était également en préparation. Il s'agit de la sixième réunion de haut niveau maroco-française, tenue les 4 et 5 juillet. Au somptueux, même si un peu délabré, siège de l'ambassade du Maroc, en plein cœur de la ville des Lumières avec une vue imprenable sur la Tour Effel, l'ambiance est aux préparatifs. Et c'est là que les travaux ont été entamés, en fin d'après-midi. D'abord par le point de presse tenu conjointement par Hassan Abou Ayoub, ambassadeur de S.M Mohammed VI en France et Mohamed Benaïssa, ministre marocains des Affaires étrangères. Un point de presse où la particularité de cette réunion officielle a été mise en exergue, ses travaux s'inscrivant dans le cadre de l'élargissement, non pas de l'Europe comme on aurait automatiquement tendance à le croire, mais dans celui du partenariat maroco-français. Signe de cet élargissement, une première dans les annales du partenariat entre les deux pays, la société civile, aussi bien marocaine que française, a également été impliquée dans cette réunion. Une société civile fortement représentée aussi bien côté marocain que français, et dont les différentes rencontres, inter-ONG comme avec les représentant des pouvoirs publics des deux pays, sont venues s'ajouter aux entretiens, à huit clos, entre les officiels et les hommes d'affaires marocains, avec à leur tête le Premier ministre Driss Jettou, et leurs homologues français. «Jusqu'à ce jour, notre coopération obéissait à des considérations individuelles ou d'ordre sectoriel, mais en aucune manière à une vision globale. Pour la première fois, et dans le prolongement des rapports de partenariat entre nos deux pays, la société civile est désormais un interlocuteur de choix», a déclaré M. Abou Ayoub. C'est ce qui explique en grande partie la présence d'acteurs non-gouvernementaux qui n'ont pas manqué de saluer cette initiative. Dans un entretien accordé à ALM, Fatima Chahid, présidente du collectif d'associations Carrefour NGO Network a précisé que cette première s'inscrit dans le cadre de la décision des gouvernement français et marocain à s'ouvrir sur la société civile, dont les ONG, cette dernière ayant atteint un degré de maturité tel qu'elle peut désormais prendre des initiatives. «Cette ouverture nous permet à la fois d'observer et donner notre point de vue au niveau des consultations politiques et économiques, mais aussi d'entrer en contact avec les représentants de la société civile française dans la perspective d'élaborer une vision et des projets partagés et basés sur une confiance mutuelle entre ONG et pouvoirs publics», a-t-elle ajouté. Un point de vue partagé également côté ONG françaisee. Pour Roland Biache, délégué général de l'association «Solidarité laïque», «un partenariat entre les sociétés civiles des deux pays permet de mieux dialoguer avec les pouvoirs publics. Notre souci est également d'accompagner l'émergence démocratique au Maroc et le développement que connaît la société civile en montant des programmes communs. Les deux société civiles ayant chacune un savoir-faire transférable notre souhait et d'arriver à le partager», nous a-t-il expliqué. Une société civile qui s'est taillé la part du lion lors de ces réunions, mais sans pour autant occulter les autres sujets, nous a-t-on assuré. A commencer par la question du Sahara marocain, au sujet de laquelle la position de la France est «claire et ne souffre d'aucune ambiguïté», comme l'a souligné M. Benaïssa. Egalement au menu des pourparlers, dont la presse marocaine a été gentiment exclue, la nouvelle politique européenne de voisinage, où le Maroc est soutenu par la France et qui fera l'objet, la semaine prochaine, d'un nouveau round de négociations entre le Maroc et l'UE afin d'en fixer le plan d'action. La communauté marocaine résidant en France, l'immigration, la libre-circulation des personnes auraient également été au cœur des pourparlers, ainsi que la lutte antiterroriste. Sans oublier les rapports économiques, marqués par la signature entre le Maroc et les USA d'un accord de libre-échange quelque peu dérangeant côté européen. Se voulant rassurant, M. Benaïssa n'a pas manqué de souligner à cet égard qu'un tel accord n'empêche nullement le renforcement des relations économiques avec la France et l'Europe, avec laquelle le Maroc est lié par une échéance 2010 décisive. Les travaux de cette réunion ne sont cependant pas à confondre avec ceux des commissions mixtes. Très souvent, on a tendance à confondre ces travaux avec ceux des commissions mixtes. Cette rencontre se veut essentiellement un forum de réflexion commune des deux gouvernements autour de thèmes précis. A chaque année, un thème. • DNES à Paris Tarik Qattab