Elle a été le rugissant compagnon de l'imperturbable Steve Mc Queen dans Bullit. Elle a également figuré aux côtés d'un James Dean révolté et désabusé dans «la fureur de vivre». Elle a tapé le rupteur (sous ses dehors d'Eleanor Shelby GT-500) auprès d'un Nicolas Cage prêt à en découdre. L'indomptable pur-sang de la marque ovale a définitivement marqué l'histoire automobile de son empreinte. Retour sur un monstre sacré, taillé pour la liberté et pour l'asphalte. Naissance dans la douleur… L'histoire de la Mustang a débuté pendant les luttes intestines qui frappaient Ford à la fin des années 50. Une lutte de pouvoir avait alors lieu dans les hautes sphères de la Motor Company. Pour réagir, un jeune visionnaire aux dents longues, Lee Iaccoca, décide de donner un coup de jeune à la marque à l'ovale, en rompant avec l'image de voiture «pépère» qui collait à la marque. Pour arriver à ses fins, il va devoir d'abord œuvrer en coulisse pour se défaire de certains dirigeants «encombrants». L'Amérique a gagné les guerres, le babyboom est devenu en âge de consommer et les jeunes américains n'en veulent plus du conservatisme ni du carcan traditionnaliste et puritain à l'américaine. 22.000 commandes dès le premier jour ! Pour rompre avec le look «ringard» des modèles de l'époque, il fallait insuffler à la bête une âme de guerrière et lui tailler sur mesure un corps de sportive. Les performances du monstre devaient également être à la pointe de ce qui se faisait usuellement. Les pièces devaient être disponibles partout et les voitures vendues à un prix abordable (le coupé de base équipé du 6 cylindres en ligne et de sa boîte mécanique à 3 rapports coûte en effet un peu moins qu'une Coccinelle !). En renfort, une campagne marketing sans précédent est organisée par la Ford Motor Company. Ainsi, dès la présentation de la Mustang 64 et demi (le demi signifie chez les Américains que la Mustang a démarré sa commercialisation en cours d'année), 22.000 commandes sont passées dès le premier jour ! Un record ! Le succès dépasse toutes les prévisions, Ford ayant prédit une production annuelle de 100.000 exemplaires seulement. En réalité, après 12 mois de commercialisation, ce sont 417.000 Ford Mustang qui sont sorties des chaînes de production ! Dès l'année 1966, la Ford Mustang a dépassé le million d'unités produites. Muscle Car abouti… Pour économiser les coûts de développement, les premières versions seront directement basées sur la Ford Falcon familiale. La Mustang est alors dotée en série d'un moteur de 6 cylindres en ligne de 2,8 L ou, en option, d'un V8 de 260 ci (4,2 L) ou d'un 289 ci (4,7 L). Elle est disponible en coupé hardtop ou en cabriolet (la carrosserie fastback apparaît en 1965). Il y a du chrome en abondance, ce qui la rend plus attrayante pour les jeunes. De nombreuses options sont disponibles pour agrémenter la voiture, le but étant que chacun ait une Mustang unique. D'ailleurs, aujourd'hui il est très rare de trouver des Mustang identiques en options. Le «muscle car » entre directement en concurrence avec un autre colosse : la Plymouth Barracuda sortie deux semaines plus tôt mais qui n'aura pas l'immense succès de la Mustang. La version officielle du nom de Mustang viendrait de John Najjar, concepteur de la Mustang prototype I, qui aurait proposé ce nom tiré de l'avion P-51 Mustang dont il était fan. Ensuite vinrent toutes les séries spéciales, équipées de moteurs plus ou moins puissants et d'ajouts esthétiques telles que les «Boss», les «Shelby» ou encore les «California Special».