Le secteur de l'industrie céramique se trouve en situation difficile. Les professionnels tirent la sonnette d'alarme et pointent du doigt le libre-échange et la concurrence étrangère et exigent le retour au protectionnisme. La libéralisation des échanges commerciaux ne plaît pas à tous les professionnels. Ceux de la filière de la céramique le crient haut et fort. Et justement, à la tête de leur mouvement de «protestation», se trouve la Confédération générale des entreprises marocaines (CGEM) présidée par Hassan Chami, lui-même investisseur dans le secteur. Simple coïncidence ou parfaite convergence «d'intérêts» ? Ce qui est sûr, c'est que confédération et professionnels de céramique ont accordé leur discours sur le même diapason. De quoi se plaignent-ils donc ? En premier lieu, la concurrence étrangère, plus particulièrement celle des produits chinois, qui ne cessent d'envahir le marché local à des prix dérisoires. La concurrence des pays riverains du Maroc, comme le Portugal, l'Espagne ou encore l'Italie, pose également problème. La suppression des barrières douanières, conséquence logique des accords de libre-échange avec l'Europe à un prix : les importations étrangères ont doublé entre 2002 et 2003 et passent de 5,5 millions de m2 à environ 11 millions de m2 pour le carrelage déclaré. Face à cette problématique, les professionnels demandent l'instauration à court terme d'un prix de référence au dédouanement. Ils exigent également de généraliser la taxation des produits importés sur la base de prix bien définis et respectés, et mettre en place une taxe additionnelle pour stopper la spéculation des importateurs. Mieux, les professionnels réclament qu'on ne permette l'importation de ce produit que par un seul port national reconnu ! Ces réclamations extrémistes reflètent en effet le degré de malaise structurel dans lequel baigne un secteur en perte de vitesse depuis plusieurs années. Côté production, le Maroc a produit en 2002 l'équivalant de 37 millions de m2 de carreaux en céramique et 2,5 millions de pièces sanitaires. Ce qui représente respectivement 0,7 et 0,9 % de la production mondiale. Cependant, le secteur souffre toujours d'une sous-exploitation des matières premières. Le développement de la filière reste conditionné par la maîtrise des multiples faiblesses qui les affectent. Les professionnels préconisent principalement des ajustements en matière d'énergie. Il s'agit principalement du passage au gaz naturel comme source énergétique. Une reconversion qui permettra la réduction des coûts de productions. Mais c'est l'absence d'une réelle compétition sur le marché intérieur qui handicape le secteur. Certaines études ont mis l'accent sur le fait qu'à terme, les efforts des entreprises doivent permettre d'augmenter la production de céramique sur le marché domestique. L'objectif est de porter la consommation nationale à 100.000 m2 par an contre 37.000 actuellement. Mais pour y arriver, un effort important d'investissement doit être consenti en termes de technologie, de restructuration des usines mais surtout en terme d'amélioration de la qualité. Du côté des professionnels, les mots d'ordre restent le contrôle douanier, la valeur minimale de douane et la réduction des coûts de l'énergie thermique et de l'énergie électrique. Problématique.