Les filières du marbre et de la céramique souffrent fortement de la concurrence étrangère et la faible compétitivité du secteur. Des mesures de mise à niveau s'imposent d'urgence tels que l'investissement en technologie ou encore l'amélioration de la qualité. Visiblement, la perspective de la libéralisation des échanges commerciaux continue de susciter la crainte chez les professionnels nationaux de plusieurs secteurs économiques. Ceux de la filière de marbre et de la céramique ne font pas exception à cette règle. En témoignent les conclusions d'une étude élaborée par un cabinet d'étude en collaboration avec le ministère du commerce, de l'industrie et des télécommunications. Présentée lors d'un séminaire tenu récemment à Rabat qui a réuni les professionnels du secteur, l'étude met en relief les nombreux handicaps qui freinent le développement de ce secteur, déjà fortement touché par la concurrence étrangère. Du côté des professionnels, le scepticisme est de mise. Ils dressent avec inquiétude la liste des problèmes qu'affronte le secteur. En premier lieu, figure la concurrence étrangère. Plus particulièrement celle des produits chinois, qui ne cessent d'envahir le marché local à des prix dérisoires. Sauf que le danger n'est pas exclusivement asiatique. Certains experts relèvent également la concurrence des pays riverains du Maroc, comme le Portugal, l'Espagne ou encore l'Italie, où la production excède la demande dans ces marchés. La suppression des barrières douanières, conséquence logique des accords de libre-échange ne présage rien de bon pour les producteurs nationaux. Parallèlement à ces facteurs exogènes, l'étude met l'accent sur des causes plus endogènes, liées principalement aux aspects structurels du secteur. En effet, et comme le note l'étude, le potentiel de la filière réside principalement dans la richesse que recèle le sous-sol du pays en matières premières. Côté production, le Maroc a produit en 2002 l'équivalant de 208.000 tonnes de marbre, 37 millions de m2 de carreaux en céramique et 2,5 millions de pièces sanitaires. Ce qui représente respectivement 0,37 %, 0,7% et 0,9 % de la production mondiale. Paradoxalement, le secteur souffre toujours d'une sous-exploitation des matières premières. Ajouter à cela un coût exagéré de l'énergie thermique (40 fois plus cher que l'Egypte à titre d'exemple) mais surtout de l'absence d'une réelle compétition sur le marché intérieur. L'exemple de la branche marbre est à cet égard édifiant. L'étude note en effet que malgré le potentiel de ressources marbrières dont regorge le sous-sol du pays, la filière des pierres dimensionnelles, contrairement à d'autres secteurs, ne reçoit pas l'intérêt qu'elle mérite. L'activité industrielle de la pierre dimensionnelle repose en effet sur trois sources de création de valeur : l'extraction des blocs et la valorisation du marbre dans les carrières, la transformation des blocs en tranches et en carreaux et le débitage des pièces sur mesure prêtes à l'utilisation. Le Maroc dispose d'une grande variété de pierres et de réserves notoires. Mais, le niveau d'investissement en la matière demeure faible comparé à d'autres filières, comme celles de l'industrie de la céramique et du ciment. Cette faiblesse s'accentue davantage si l'on ajoute d'autres facteurs, liés notamment au dispositif juridique actuel, à l'inadéquation des infrastructures et à l'absence prolongée d'un cadre associatif stimulant la concertation et le progrès collectif. Le développement de ces filières reste conditionné par la maîtrise des multiples faiblesses qui les affectent. Les auteurs de l'étude recommandent dans ce sens la valorisation optimale des ressources géologiques, une gestion par les coûts, le renforcement des investissements en recherche et le développement de stratégies marketing et de démarches qualité. Les professionnels préconisent de leur côté des ajustements en matière d'énergie. Il s'agit principalement du passage au gaz naturel comme source énergétique. Une reconversion qui permettra la réduction des coûts de productions. À terme, les efforts des entreprises doivent permettre d'augmenter la production de céramique sur le marché domestique. L'objectif est de porter la consommation nationale à 100.000 m2 par an contre 37.000 actuellement. Pour y arriver, l'étude recommande un effort important d'investissement en technologie, une restructuration des usines et une amélioration de la qualité.