Evoluant dans des conditions matérielles et techniques désastreuses, les arbitres marocains sont les laissés-pour-compte du projet de mise à niveau du football national. «Au Maroc, on ne parle d'arbitres que pour les insulter et critiquer leurs décisions ». Les propos sont ceux d'un arbitre international qui, à plusieurs reprises, s'est vu attaquer par les supporters, joueurs et dirigeants des équipes adversaires. Cette situation, tous ceux qui ont décidé de mettre l'habit noir la vivent régulièrement. Un lot hebdomadaire de reproches et de critiques, alors que les conditions matérielles et techniques qui sont mises à leur disposition sont dérisoires. Les 450 arbitres affiliés à la FRMF sont rémunérés selon un barème établi par la commission d'arbitrage de l'instance fédérale. Un arbitre du centre touche entre 1400 DH lorsqu'il officie un match de première division et 200 DH pour une rencontre du GNFA. Ses assistants reçoivent la moitié de ces sommes. Une indemnité de déplacement est également prévue à raison de 1,20 DH par kilomètre parcouru avec un forfait de 300DH supplémentaires si la distance dépasse 300km, réservé cependant aux arbitres du GNFE. « Ces chiffres sont un trompe-l'œil puisqu'un arbitre officie moins d'une rencontre pas mois. Le reste du temps, il doit subvenir à ses besoins par ses propres moyens», estime Hachmi Zougari Idrissi, président de l'Association des arbitres du Gharb. En plus, ces frais d'arbitrage ne sont pas réglés d'un seul coup. A titre d'exemple, les arbitres du championnat amateur attendent toujours la perception des frais d'arbitrage de la seconde moitié de la saison 1999-2000 de la part de la FRMF. Leur mouvement de protestation, à travers le port de brassard l'année dernière, s'inscrivait dans ce cadre. Les arbitres se trouvent également confrontés à un autre problème : celui des assurances. Censés être pris en charge par la FRMF, les frais d'assurance ont été pendant de nombreuses saisons, réglés par les arbitres eux-mêmes, qui n'étaient même pas sûrs d'être assurés. Ce n'est que durant la saison 2000-2001 que l'instance fédérale s'est remise à payer ces cotisations. Deux années jour pour jour après le décès de l'ancien arbitre international Saïd Belqola, la situation de l'arbitrage dans notre football n'a pas beaucoup changé. Alors que le football marocain se prépare au professionnalisme, l'arbitrage est toujours dans un état comateux.