Le conseil national de la Fédération démocratique du travail (FDT) vient de se réunir samedi dernier sur fond de tensions répétées entre syndicats et gouvernement Benkirane. Invités à l'initiative du Bureau national de la centrale syndicale, les membres du conseil national avaient un ordre du jour assez chargé, mais surtout lié à l'actualité sociale du pays. Cette dernière est certainement marquée par les boycotts répétés des séances du dialogue social initiées par le gouvernement et auxquelles les principales centrales s'abstiennent jusqu'à aujourd'hui d'assister. Dans une déclaration à ALM, Abderrahmane Azouzi, secrétaire général de la FDT, a expliqué que «cette tournure qu'a prise le dialogue social n'est pas pour satisfaire les syndicats. D'ailleurs, nous nous sommes arrêtés ce samedi sur l'impasse dans laquelle tout le monde se trouve aujourd'hui. Nous allons prendre langue avec la CDT et l'UMT, dans les prochaines semaines, afin de définir ensemble une stratégie commune face à l'intransigeance négative du gouvernement». Le ton est donné. La FDT, la CDT et l'UMT ne seraient donc pas prêtes à céder le pas devant l'Exécutif. Les invitations récentes de ce dernier à des séances «consultatives» sont vues par les syndicats comme une fuite en avant, alors que le gouvernement devrait d'abord renoncer à certaines de ses décisions avant de reprendre le dialogue avec les centrales les plus représentatives. Parmi ces décisions vient en premier l'accord du 26 avril 2011, conclu sous l'ancien gouvernement et qui n'arrive toujours pas à voir le bout du tunnel. La FDT dénonce également la position du gouvernement vis-à-vis de la convention fondamentale n°87 de l'Organisation internationale du travail (OIT) sur les libertés syndicales. S'il refuse toujours de la ratifier malgré les sollicitations de l'OIT et de l'UE à appliquer les réformes sociales qui s'imposent, l'Exécutif actuel tergiverse encore sur l'abrogation, tant demandée par les syndicats, de l'article 288 du Code pénal qui réprime le droit de grève par le biais de «l'entrave à la liberté du travail». Ces points à eux seuls, même avec une loi organique sur le droit de grève pourtant garanti par la Constitution, mettent à mal l'ensemble des acquis du dialogue social. Sauf que la FDT va plus loin. Au delà d'un dialogue sur la réforme des régimes de retraite, toujours bloqué d'ailleurs, les centrales syndicales doivent être consultées pour l'ensemble des réformes et des lois organiques toujours en suspens. En interne, le conseil national a désigné samedi la commission préparatoire du prochain congrès. Celui-ci, comme l'a précisé Abderrahmane Azouzi, se tiendra durant l'année 2014. Le jour exact de la tenue de cette grand-messe ne sera précisé qu'après désignation des commissions et l'avancement dans les listes électives des congressistes. D'ici là, la centrale syndicale a déjà fait son mea culpa: les instances dirigeantes et les bureaux locaux et sectoriels ne sont pas au plus fort de leur rendement. Le prochain congrès devrait, en principe, remettre l'ensemble des syndicalistes sur les rails.