«Nous allons lancer un ultimatum au chef de gouvernement qui prendra effet juste après le dépôt de notre mémorandum». Les propos émanent de Abdelhamid Fatihi, secrétaire général adjoint de la FDT (Fédération démocratique du travail). C'est l'une des grandes décisions de la réunion tenue mercredi dernier rassemblant les états-majors des trois syndicats parmi les plus représentatifs à l'échelle nationale. «M. Benkirane ne nous a pas laissé le choix pour ainsi dire. Plusieurs dossiers sociaux restent toujours en suspens, le dialogue social est quasiment gelé depuis l'avènement de la majorité conduite par le PJD (Parti de la justice et du développement) et le comble c'est que le gouvernement fait cavalier seul dans plusieurs chantiers qui concernent directement les travailleurs et la classe ouvrière. Il fallait donc agir», ajoute Fatihi, également membre du bureau politique de l'USFP (Union socialiste des forces populaires). En effet, le siège de l'UMT (Union marocaine du travail) a abrité une réunion à laquelle ont pris part Miloudi Moukharik, secrétaire général de l'UMT, Abderrahmane Azzouzi, secrétaire général de la FDT et doyen des syndicalistes, qui est apparu d'ailleurs très affaibli à la fois par l'âge et la maladie, sans perdre cependant de sa fougue et son style terre à terre, Mohamed Noubir Amaoui. Les trois hommes accompagnés par leurs bras droits dans leurs syndicats respectifs se sont mis d'accord sur le contenu du mémorandum qui sera transmis au chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, dans les prochains jours. «Ce mémorandum est une dernière chance pour le gouvernement pour se ressaisir et reprendre le dialogue. Mais nous ne voulons pas d'un dialogue juste pour le dialogue. Assez de débat et de paroles, il faut passer à l'action dans le cadre d'un dialogue sérieux prenant en compte la vision des syndicats», avertit Fatihi. Et de conclure : «Le mémorandum de la FDT, la CDT et l'UMT portera notamment sur les questions qui concernent directement les syndicats, à savoir la réforme des retraites, les projets de lois organiques relatifs aux syndicats et le droit à la grève ainsi que le code de la mutualité». Le trio syndical semble ainsi décidé à aller jusqu'au bout. Qu'en pensent alors les autres centrales syndicales ? Si l'on exclut l'UNTM (Union nationale des travailleurs du Maroc) qui est le relais syndical du PJD, il reste l'UGTM (Union générale des travailleurs du Maroc). Bizarrement, le trio syndical semble prendre ses distances avec le bras syndical du parti de l'Istiqlal. Une source bien renseignée au sein du trio UMT, FDT et CDT assure qu'aucun contact n'est en cours actuellement avec l'UGTM pour les rejoindre ajoutant qu'ils préfèrent attendre que l'initiative soit entreprise par les responsables du relais syndical istiqlalien. A noter enfin que l'UGTM a déjà menacé le chef de gouvernement de recourir à une grève générale si l'Exécutif allait de l'avant dans ses projets de réformes «touchant aux acquis des travailleurs et leur pouvoir d'achat». Reste maintenant à connaître la réaction gouvernementale qui n'avait pas encore fait de déclaration officielle à l'heure où nous mettions sous presse. Affaire donc à suivre.