A Casablanca comme dans d'autres villes du Royaume, les taxis, les bus, les autocars et les poids lourds circulaient normalement ce lundi dans les grandes artères. Mis à part quelques groupes de taximen qui ont répondu à l'appel lancé par une dizaine de syndicats, les autres ont préféré prendre les volants de leurs véhicules. «De nombreux chauffeurs ne peuvent pas faire grève parce qu'ils ont des engagements financiers. Après la rentrée scolaire, c'est l'Aïd El Kébir qui arrive dans pas très longtemps. Les professionnels ne pourront pas subvenir aux besoins de leurs familles s'ils font grève», dit un chauffeur d'un poids lourd rencontré au centre-ville de Casablanca. Alors que la grève de trois jours annoncée par certains syndicats faisait craindre une paralysie au niveau des transports, il n'en fut rien finalement. L'appel des syndicalistes a été largement ignoré par les professionnels pour une multitude de raisons, notamment financières. Au quartier Roches Noires de la métropole, fréquenté par les chauffeurs de poids lourds, certains professionnels disent que leurs activités rencontrent déjà des difficultés même sans la grève qui vraisemblablement n'arrangerait pas leurs affaires même s'ils se disent mécontents de la hausse des prix à la pompe. Non loin et à proximité de la gare ferroviaire Casa port, d'autres taximen ont choisi d'afficher ce mécontentement qui dépasse le cadre des prix du carburant. «Nous sommes contre la dernière hausse des prix du carburant mais pas seulement. Nous revendiquons l'encadrement des relations entre les détenteurs d'agréments et nous les chauffeurs. Nous voulons aussi bénéficier de la couverture sociale et accéder au logement», lance un chauffeur de petit taxi. Mais à la question du taux de suivi de l'appel à la grève, ce dernier comme d'autres professionnels préfère voir ailleurs. Pendant ce moment et non loin de ce groupe, des taxis multiplient les courses normalement depuis la matinée. Si le mouvement de débrayage n'a pas eu l'effet escompté, c'est qu'un grand nombre de syndicats, surtout les plus structurés et les représentatifs, préfère poursuivre le dialogue avec le gouvernement au lendemain de la mise en œuvre de l'indexation des prix du carburant. Certains ne voient même pas l'utilité d'une grève alors que le dialogue avec les responsables est en cours. C'est le cas de Mohamed Mitali, président de l'Union des fédérations nationales des conducteurs et professionnels du transport. «La grève doit être laissée en dernier recours. Actuellement, les canaux du dialogue sont ouverts avec les départements ministériels concernés. Il faut donc laisser une chance à ce dialogue», dit-il. Ce point de vue semble trouver pour le moment un large écho auprès des professionnels surtout que les mesures d'accompagnement promises par le gouvernement commencent à prendre forme. Mitali explique que les taximen ont été contactés par les responsables du ministère de l'intérieur pour les informer d'un dispositif spécial d'indemnisation prévu par le gouvernement. «Les chauffeurs devront déposer aux préfectures leurs bons de consommation de gasoil, des informations sur le kilométrage effectué durant le mois ainsi que les données de pointage auprès de la police. L'indemnisation sera calculée en fonction de ces données avant d'être transférées par le biais de Poste Maroc», conclut-il.