Les mauvaises langues ne manqueront pas de relever une douteuse concomitance de la tenue du premier colloque national sur la réforme administrative, dont les assises se sont déroulées mardi et mercredi au siège de l'ENA à Rabat, avec une conjoncture nationale marquée par l'imminence des échéances électorales. Les mauvaises langues ne manqueront pas de relever une douteuse concomitance de la tenue du premier colloque national sur la réforme administrative, dont les assises se sont déroulées mardi et mercredi au siège de l'ENA à Rabat, avec une conjoncture nationale marquée par l'imminence des échéances électorales. On y verra encore une manœuvre électorale, façon d'initier le débat sur l'un des sujets les plus épineux de la scène nationale. Tout comme le projet de code de couverture médicale de base, présenté cette semaine devant le Parlement par le Premier ministre Abderrahmane Youssoufi. Qu'à cela ne tienne. Si la proximité des échéances électorales devait remettre sur le tapis des sujets d'une aussi grande importance pour le développement du pays, cela ne saurait être qu'une prémisse bienvenue de ces bienfaits dont on crédite la prochaine consultation, garantie totalement transparente. En attendant, le Premier ministre est allé en personne présider l'ouverture de la rencontre. Il en a profité, et c'est tout à fait légitime, pour rappeler quelques-unes des réalisations de son cabinet en matière de réforme administrative. Entre autres, la réforme de la loi sur les sociétés, la consécration de la transparence dans les grands marchés publics, la réforme du contrôle supérieur des finances publiques, la suppression du monopole public dans les principaux secteurs, la création de multiples cellules etc. Des efforts louables. Prometteurs au niveau de la théorie. Hélas, encore limités sur le terrain de la pratique. Les raisons sont multiples. Le Premier ministre en a dégagé deux principales dans son discours-bilan. La complexité des procédures administratives et la rationalisation de la gestion des ressources humaines et leur qualification. Les participants eux, dans un diagnostic détaillé de la situation de l'administration marocaine, adopté comme plate-forme de travail, en ont énuméré une bonne vingtaine. Remettre effectivement l'administration marocaine sur les rails et donner une consistance pratique à la politique de déconcentration et de décentralisation et au nouveau concept de l'autorité, nécessite des préalables. Ils passent d'abord par la mise en place d'une vision commune à tous les acteurs de la réforme administrative, de mécanismes de coordination efficaces et éprouvés et par le choix d'un nouveau positionnement de l'administration publique vis-à-vis des autres secteurs. Mais ces initiatives resteraient sans portée si la confiance n'était restaurée entre administration et administrés. Là, c'est au gigantesque chantier de lutte contre la corruption qu'il faudra s'attaquer. Définitivement. Pas uniquement la corruption directe, qui prive le budget de l'Etat de millions, pour ne pas dire de milliards de dirhams, mais aussi l'abus de pouvoir dans tous ses aspects, le favoritisme, la mise à profit à des fins personnelles des moyens de l'Etat... C'est quand toutes ces tares seront traitées, et que l'administration ne rimera plus avec lourdeur et dessous de table, que le citoyen retrouvera une relation normale et constructive avec son administration. Encore faut-il que les fonctionnaires, qui la font, soient suffisamment motivés.