La convention d'animation du marché secondaire des bons de trésor, signée entre les intermédiaires et les autorités de tutelle, ne semble pas répondre aux spécificités culturelles et organisationnelles de notre marché. Les intermédiaires en valeurs de trésor (IVT) sont désormais sur la ligne de mire des autorités de tutelle. Ces derniers leur reprochent de ne plus s'impliquer suffisamment dans le processus de dynamisation du marché secondaire des bons de trésor (BDT). «La Banque centrale veille actuellement à ce qu'ils assument correctement le rôle de faiseurs de marché qu'ils se sont engagés à remplir », note un trader de la place. Cet engagement qui a fait l'objet d'une convention signée, il y a quelque mois, entre le Trésor et ces entités à la marque bien installée, n'a encore produit aucun effet notable sur la situation du marché. Ce dernier reste toujours peu animé surtout au niveau de l'offre par rapport à la demande. Le souhait des autorités de régulation de voir naître les prémisses d'un marché, bien organisé mais surtout vivant, ne semble guère chose aisée à exaucer dans le court terme. Rappelons que ce « traité », conclu après plusieurs « rounds » auxquels ont pris part tous les intervenants, a défini de nouveaux mécanismes d'organisation du marché des BDT. Ces derniers ont conféré aux IVT un avantage de priorité sur le marché des adjudications des BDT. En retour, ils sont tenus d'animer le marché. En signant cette convention, les IVT se sont engagés, durant la même séance, à coter des lignes de BDT et effectuer un minimum d'opérations. Mais, il apparaît que même en disposant de moyens financiers et de l'organisation nécessaires, les IVT rencontrent beaucoup de difficultés à respecter cet engagement. « La situation actuelle du marché ne permet pas de conclure beaucoup de contrats », précise un autre trader. Il faut noter que même les compagnies d'assurances qui se sont orientées de plus en plus vers les placements en BDT sont absentes de ce marché. Elles effectuent des opérations fermes sur des lignes de BDT, surtout avec des sociétés de gestion de la place, juste à l'occasion du paiement des coupons. En effet, elles vendent les titres à une entité qui encaissent les intérêts et leur revendent à nouveau les mêmes lignes. En l'absence d'un cadre juridique qui interdit cette pratique, la banque centrale ne peut que condamner cette forme d'évasion fiscale. Sans plus. Un responsable d'une salle de marché estime pour sa part « qu'aujourd'hui, il faut se rendre à l'évidence que notre marché est encore embryonnaire. La logique de spéculation ou d'arbitrage ne fait pas encore partie des habitudes de gestion des IVT et des gestionnaires de la place ». Dans ce registre, il est évident que le métier de faiseur de marché, suppose d'abord un minimum d'autonomie des traders par rapport à leur management. Or, l'on constate que les règles d'organisation de ce métier au sein des entités de la place sont encore rigides et ne permettent pas de s'afficher en tant que tel. Certains intermédiaires «s'amusent» à coter, mais n'effectuent aucune opération. Sinon à des prix qui sont jugés élevés par beaucoup d'intervenants sur le marché, surtout les petits gestionnaires. Ces derniers voient dans les agitations de ces entités une manière de respecter les dispositions de forme de la convention sans se soucier de ses objectifs de fond. Dans le même temps, des traders au sein des salles de marché se disent paralysés par les consignes de leur management, qui leur interdit d'effectuer des opérations. Certains d'entre eux se voient ainsi dans l'obligation, réputation oblige, d'animer le marché par le discours !