Lors de la séance des questions orales de mercredi à la Chambre des représentants, Mustapha Ramid a interrogé Mohamed Benaïssa sur les mesures prises par son département pour demander à la France de cesser de refuser des visas aux femmes qui portent le voile. Les Pijidistes refusent de relever le voile pour obtenir un visa. Ils ont porté la question, mercredi, au Parlement. Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Mohamed Benaïssa, a répondu à une question du député PJD, Mostapha Ramid. Ce dernier marque son retour à la scène politique avec un sujet à débat. «Des femmes se plaignent régulièrement du fait que les services consulaires de la France, en particulier, posent comme préalable à la délivrance d'un visa la visibilité des cheveux», déclare M. Ramid à ALM. Il ajoute que les femmes qui portent le voile essuient des refus quasi systématiques de la part des autorités consulaires françaises. M. Benaissa a reconnu l'existence de cet état de fait, puisqu'il a expliqué que son département déploie «d'importants efforts» auprès des autorités françaises. Il a indiqué à cet égard avoir soulevé cette question avec l'ambassadeur de France au Maroc. M. Benaissa a toutefois mis en avant les mesures sécuritaires qui expliquent que des pays jugent inacceptables les photos de femmes musulmanes où le front et les oreilles sont voilés. «Nous comprenons les soucis sécuritaires de la France et nous sommes disposés à nous y soumettre. La querelle n'est pas toutefois celle de l'oreille ou du front mais des cheveux», rappelle Mostapha Ramid. Il ajoute que cette mesure des services consulaires de la France n'est pas applicable de la même façon pour tous. «Les femmes députées du PJD n'ont jamais découvert leur tête pour aller en France». Le supposé arbitraire de cette situation est également dénoncé par Abdellah Baha, chef du groupe parlementaire du PJD. Il s'interroge : «Pourquoi la France ne demande-t-elle pas aux Iraniennes et aux Saoudiennes de montrer le bout du lobe de l'oreille, avant de leur octroyer un visa?» Il s'indigne contre cette conduite «doublement discriminatoire». Elle porte atteinte, à ses yeux, à la croyance religieuse des personnes et à leurs libertés individuelles. Les députés du PJD ont été soutenus dans leur doléance par un parlementaire du Groupe de l'union constitutionnelle. Ce dernier avait entre les mains le dossier de sa femme malade qui devait partir en France pour recevoir des soins et à qui l'on a refusé l'octroi d'un visa. Raison : elle porte le voile. Officieusement, un haut responsable à l'ambassade de France s'étonne de cette affaire. «C'est absurde ! Je n'ai jamais entendu parler de visas refusés à des femmes qui portent le voile. Ca ne correspond absolument pas à la réalité», dit-il. Mais il y a les exemples qui inclinent à croire que les autorités françaises éprouvent de la difficulté à accorder un visa à des personnes qui portent le voile. A ce sujet, des stagiaires marocaines qui ont bénéficié de bourses françaises ont dû parfois signer un engagement pour enlever leur foulard à l'Hexagone. La question est la suivante : a-t-on le droit de s'indigner contre un pays qui rend difficile l'entrée de ses frontières aux voilées ? Le port du voile est-il une liberté ou un assujettissement ? M. Benaissa a reconnu implicitement que la France est souveraine dans les décisions de cet ordre. Il a rappelé, lors de sa réponse à la Chambre des représentants, que le Maroc est signataire de la convention de Vienne qui régit les affaires consulaires au sein des Etats. Cette convention permet aux consulats d'arrêter les conditions qu'ils jugent conformes à leurs législations. Pour le moment, il n'existe pas de loi en France interdisant l'octroi du visa à des personnes portant «un signe religieux ostentatoire». D'après M. Ramid, les Pijidistes ont reçu le soutien d'un député du parti socialiste français. Il leur a expliqué que si les cas de refus de visas continuaient de s'accroître, il allait aborder le sujet au Parlement de son pays. Après le débat sur le port du voile, nous sommes peut-être à la veille d'un autre débat, encore plus houleux. Celui de l'obtention d'un visa toutes voiles dehors.