Après le choc des présidentielles, et la percée spectaculaire de Jean-Marie Le Pen qu'on avait donné politiquement mort, les perspectives politiques françaises s'avèrent des plus incertaines… Des lendemains qui ne chantent pas… La déroute de la gauche française à la présidentielle ne peut être compensée par une alliance anti-Le Pen qui rendrait un semblant de virginité aux formations de gauche. Ce n'est pas non plus la déclaration de Noël Mamère qui arrangerait pour autant les affaires. Le chef des Verts a récemment dit qu'un vote massif en faveur de Jacques Chirac lui rendrait la victoire moins délicieuse puisque tous les démocrates français y auront contribué… La question maintenant est de savoir comment vont se préparer les diverses formations pour des législatives à même de garantir un minimum de sérénité aux Français et à l'opinion publique internationale. Aujourd'hui, et peut être plus que par le passé, la classe politique française se trouve face à elle même. Devant un résultat dont personne digne des valeurs républicaines, ne peut être fier… Et plus que jamais, les partis politiques sont appelés à faire une évaluation qui dépasse le cadre strictement partisan pour épouser les valeurs de la nation française, visiblement en perte de repères. Du côté de la droite, et malgré une victoire écrasante, elle ne peut se targuer d'avoir défendu le label France. Que ce soit au Rassemblement pour la république (RPR), à l'Union pour la démocratie (UDF) ou à n'importe quelle autre formation de droite, le temps est à la mobilisation. Pour deux raisons essentielles : la première est que la victoire du RPR n'est pas vraiment un signe de vitalité du parti ou de son leader, Jacques Chirac. C'est plutôt à défaut de mieux que les Français ont choisi Chirac. Et comme l'avait si bien dit le même Le Pen, lors d'un face-à-face électoral Mitterrand-Chirac, les Français ont à choisir entre le pire et le mal. Aujourd'hui, ils n'avaient vraiment pas le choix. Et les tenants du discours de droite républicaine en sont conscients, du moins pour le moment… Quant à la gauche, plurielle et autres composantes surgies de nulle part, l'affaire est plus sérieuse. Pour être dignes successeurs de Jean Jaurès, il y a un vrai boulot de reconstruction et de clarification à faire. Parce que comment la gauche peut-elle prétendre reconquérir ne serait-ce qu'une partie de son électorat de 1997 si elle ne met pas de l'ordre dans ses rangs ? Pour aller aux législatives de juin prochain sans grands risques, les extrémistes de gauche, le mouvement des citoyens ou surtout le fameux parti communiste ne peuvent aller en campagne sans avoir tiré les leçons d'une présidentielle qui a l'allure d'une sanction de la gauche, plus que d'une relance de la droite. Dans ce cas de figure, peut-on envisager des alliances entre groupes trotskistes ? Assistera-t-on à une refondation communiste à l'italienne pour mieux préparer l'avenir ? Une chose est sûre : le parti socialiste, qui reste le fer de lance de la gauche, a une grande responsabilité dans l'unification préélectorale au tour de la rose. Pour l'heure, tout est supputation, les leaders charismatiques de la vie politique française ne sont plus là. Et il est difficile de faire des prévisions quant à la future configuration de l'assemblée nationale française ou des alliances électorales. Tellement le microcosme politique est encore sous le choc.