Le président de la Commission de l'Union africaine et chef de l'Etat malien, Alpha Oumar Konaré, s'est déclaré hier pour une Afrique unie et indivisible : «Les Etats-Unis d'Afrique». Oumar Konaré s'exprimait à l'UNESCO dans le cadre des célébrations de la Journée de l'Afrique qui se déroulent au siège de l'Organisation. A cette occasion, l'ancien président du Mali s'est fait l'avocat d'une Afrique une et indivisible où «aucun Africain ne se sentirait étranger». Soulignant l'importance de l'intégration africaine, qui représente «le seul cadre d'un développement réellement endogène», Alpha Oumar Konaré a défini l'Union africaine comme «une organisation d'intégration régionale» qui évolue vers la création des «Etats-Unis d'Afrique». Pour sa part, le directeur général de l'UNESCO, Koïchiro Matsuura, a insisté sur les stratégies d'assistance pour les pays en situation de post-conflit et sur la prévention du VIH/Sida, deux domaines d'action prioritaires de l'UNESCO «autour desquels les deux organisations doivent collaborer de façon étroite». Par ailleurs, il a exprimé sa profonde satisfaction de voir les thèmes de l'éducation et de la culture inscrits à l'ordre du jour du Sommet de l'Union africaine, prévu à Khartoum (Soudan), en juillet 2005: «Il est crucial de faire valoir une telle approche intégrée, notamment dans le cadre de la reconstruction post-conflit, auprès des pays comme des institutions internationales». Dans son intervention, le Président de la Commission de l'Union Africaine a brossé un tableau de la situation actuelle du continent. «Cinquante pour cent de la nourriture importée, les deux tiers des porteurs de sida dans le monde, les deux tiers des pays parmi les moins avancés dans le monde, 50% des réfugiés du monde, 95% des exportations constituées de produits de base, seulement un tiers des échanges commerciaux mondiaux, seulement 1,8% des investissements mondiaux et une espérance de vie de 47 ans, 30 ans de moins qu'en Europe. C'est le seul endroit au monde où cette espérance recule. Beaucoup d'Africains savent quel sera l'état du continent si les choses continuent à suivre leur cours actuel. Recul des forêts, avancée du désert, grandes sécheresses annoncées, famine croissante, crise aiguë de l'eau, une Afrique devenant de plus en plus la poubelle, le dépotoir du monde». Citant le Rapport 2003 du PNUD, Alpha Oumar Konaré a rappelé que les objectifs de développement de l'ONU pour le Millénaire ne seront pas atteints dans les délais impartis (2015 ). Il a demandé à la communauté internationale de déployer davantage d'efforts pour aider l'Afrique à surmonter les obstacles. «La dette africaine a atteint en 2001 la somme de 281 milliards de dollars, soit 51% du produit intérieur brut de nos pays, soit 318% de nos exportations. Politiquement, moralement, le maintien de cette dette ne se justifie pas», a dit Alpha Oumar Konaré. Rappelant qu'il appartient d'abord à l'Afrique de trouver les moyens financiers pour un développement durable, Alpha Oumar Konaré a estimé que l'Afrique devait mettre fin à l'exclusivité du «face-à-face avec l'Europe» et développer des partenariats avec le Japon, la Chine, le Brésil, l'Inde et plus particulièrement le monde arabe. Il a insisté sur les aspects culturels, intellectuels et scientifiques du développement en Afrique, en évoquant la prochaine réunion des intellectuels africains à Dakar (Sénégal), en octobre 2004, la création de centres d'excellence, la promotion de la recherche scientifique, le développement de l'édition. Alpha Oumar Konaré et Koïchiro Matsuura ont eu hier matin une séance de travail à l'UNESCO au cours de laquelle ils ont procédé à une analyse détaillée de la coopération entre la Commission de l'Union africaine et l'UNESCO, notamment dans les domaines de l'éducation, de la prévention du sida, de la préservation du patrimoine matériel et immatériel.