Les pilotes ont décidé hier de prolonger leur mouvement de grève pour quatre jours supplémentaires. Depuis jeudi 27 mai, la RAM est en proie à l'une de ses plus fortes perturbations sociales. Si côté direction on assure que 70% des vols ont été maintenus, chez l'AMPL, on déplore une coûteuse escalade tant en image de marque qu'en deniers publics. Rien n'est encore réglé à la RAM. L'Association marocaine des pilotes de ligne a décidé de prolonger de quatre jours supplémentaires son mouvement de grève entamé le jeudi 27 mai. D'après le porte-parole de cette association, aucun contact n'a eu lieu avec la direction de la compagnie qui a visiblement opté, pour «la politique de la fermeté». D'où, explique Jalal Yacoubi, cette décision de poursuivre un mouvement dont les causes vont vraisemblablement plus loin que la recherche d'un statut. Lors de son passage dimanche soir au journal télévisé sur la 2M, le P-dg de la RAM, Mohamed Berrada a parlé à la fois de raisons officielles et de raisons sous-jacentes pour expliquer cette grève. Dans le fond, déclare-t-il, le mouvement vient d'une mésentente à propos du projet de création de la nouvelle filiale de la RAM, la compagnie low-cost destinée à accompagner le secteur touristique. Les pilotes réclameraient, selon M. Berrada, un salaire supplémentaire pour servir dans cette compagnie. Pour l'AMPL, qui met en avant l'incapacité de la RAM à respecter les accords de 1999 et un certain nombre de revendications, la situation s'est empirée surtout avec l'absence du dialogue. Au point, précisent certains membres, que l'association des pilotes a dû attendre le passage du P-dg de la RAM à la télé, pour avoir de la visibilité et tenir son assemblée générale qui a finalement entériné la décision de prolonger le mouvement. Pour l'heure, s'il il n'y a pas de dialogue entre les deux camps les chiffres circulent quand même. La RAM qui a mis en place une cellule de crise assure qu'au moins 70% des vols sont maintenus. Priorité est donnée naturellement aux opérations touristiques pour, précise-t-on de source proche de la direction, «ne pas porter atteinte au cachet de la destination». De leurs côtés, les pilotes grévistes mettent l'accent sur le coût de la gestion de cette crise. L'AMPL précise dans son communiqué qu'un affrètement moyen coûte à la RAM environ 100 000 dirhams par heure. L'effort est énorme pour une entreprise «qui a mis beaucoup de temps pour sortir du trou d'air de l'après 11 septembre 2001», commente Jalal Yacoubi. Il faut dire que la majorité des compagnies européennes (en tête Sabena et Swissair, à qui ces cures n'ont pas profité) ont opté sur cette période pour un régime minceur, en taillant notamment sur les effectifs. Rappelons que la compagnie nationale a clos l'exercice 2002-2003 avec un bénéfice net de 151 millions de dirhams. C'est dire la modestie de son trésor de guerre actuel face à un mouvement qui coûterait selon les pilotes 10 millions de dirhams par jour. Impossible d'obtenir confirmation ou infirmation de ces chiffres du côté de la direction. Seule certitude, le bilan de ce semestre risque de s'en ressentir. Si aucune solution n'est trouvée cette semaine, ce sont tous les efforts de redressement de la compagnie qui sont menacés. Au delà des causes et des raisons de cette grève, c'est donc un problème de cash flow, bête noire des compagnies aériennes, qui risque de se poser. Ce mouvement intervient à un moment où l'activité du transport aérien est à son pic, notamment avec l'Europe où des touristes affluent vers le Maroc en cette semaine où est célébrée la pentecôte. Les répercussions sur le secteur touristique risquent d'être énormes. Les perturbations affectent plus le régulier que le charter à l'aéroport de Marrakech, première plateforme touristique du Royaume. Pour la seule journée de dimanche, le mouvement portait sur un volume de 10 000 touristes. Seuls 15% du trafic ont connu des perturbations. L'inquiétude reste forte chez les opérateurs touristiques qui craignent des pertes sèches.