La presse algérienne revient sur le dernier déplacement effectué par Mohamed Benaïssa à Alger. Vraisembla-blement, les responsables algériens refusent toute normalisation avec le Maroc. La visite du ministre marocain des Affaires étrangères Mohamed Benaïssa à Alger serait-elle un échec? C'est, du moins, ce qui ressort de la lecture des articles consacrés à ce sujet par les journaux algériens. Et pour cause, une conférence de presse, prévue initialement à l'aéroport d'Alger, à la fin des entretiens que Benaïssa devait avoir avec les responsables algériens, a été purement et simplement annulée. Selon la presse algérienne, qui cite des sources officielles, les deux parties avaient convenu, la veille de leur rencontre, d'annuler cette conférence de presse conjointe, et ce, à la demande de la partie marocaine. Voilà qui en dit long sur la réussite de la visite de Benaïssa à Alger. Même si le journal "La Voix de l'Oranie" titre à sa Une "Vers un Sommet Bouteflika-Mohammed VI", d'autres supports semblent moins optimistes sur le rétablissement des relations maroco-algériennes. Sur le dossier des frontières, les autorités algériennes semblent être intraitables. La presse rappelle les déclarations, 24 heures avant l'arrivée de Benaïssa à Alger, faites par le ministre algérien de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, qui avait souligné que la réouverture des frontières n'était pas à l'ordre du jour: "Il n'est pas question de rouvrir les frontières en l'état actuel des relations algéro-marocaines". Le puissant général-ministre d'Etat, Yazid Zerhouni, avait souligné que pas moins de deux millions de touristes algériens se rendaient au Maroc, après l'ouverture des frontières entre les deux pays en 1988. Zerhouni a estimé les recettes de ce tourisme à quatre milliards de dollars. Une manne dont l'Algérie, toujours, selon le général Zerhouni, n'a guère bénéficié. Dans ce même registre, le journal "Horizons" rend compte de la visite de Benaïssa dans un article sous le titre "Algérie-Maroc: le long chemin de la réconciliation", en estimant que "le Maroc avait de tout temps demandé la réouverture des frontières, alors qu'Alger, tout en estimant que cette question devrait trouver son règlement dans le cadre d'un règlement global du contentieux, n'écarte pas cependant la possibilité de prendre une telle mesure, à l'occasion d'un sommet entre les deux chefs d'Etat". "Cependant, il serait difficile d'envisager une réouverture rapide des frontières, sachant que le flux des personnes demeure à sens unique et profite grandement au Maroc". Des déclarations de ce type, la presse algérienne en fait écho, à volonté. En signe de délectation, peut-être. En tout cas, Zerhouni n'est pas le seul à faire preuve d'amabilité envers le Maroc. C'est le cas de l'autre pilier du gouvernement algérien, le chef de la diplomatie, Abdelaziz Belkhadem. Le journal "Le Jeune Indépendant" rappelle les déclarations de Belkhadem selon lesquelles "la visite de Benaïssa intervient à la demande de la partie marocaine, et qu'elle permettra d'examiner plusieurs dossiers, à l'exception de la question sahraouie". Les responsables algériens savaient, pertinemment, que le sujet prioritaire pour le Maroc est, et restera, le Sahara. Benaïssa n'allait tout de même pas se déplacer à Alger, un jour de week-end de surcroît, pour inviter Bouteflika au Festival des musiques sacrées de Fès. En termes clairs, les deux ministres algériens ont saboté la visite de Benaïssa avant qu'elle n'ait lieu. Ils lui ont fait savoir qu'il n'était pas le bienvenu à Alger, surtout pour parler de l'affaire du Sahara. En tout cas, pour sauver la face, l'objectif assigné aux groupes de travail mixtes a été maintenu et un calendrier de rencontres avait même été fixé pour ces groupes. Un résultat bien maigre. Le pas que vient de franchir le Maroc en direction de l'Algérie est manifestement un échec. Les responsables Algériens s'obstinent à croire que l'avenir de leur pays est lié au soutien des indépendantistes polisariens. Qui vivra verra.