Hosni Moubarak a accusé implicitement Washington d'avoir détourné la lutte contre le terrorisme au profit de Tel-Aviv et d'avoir manqué à ses assurances pour un règlement politique du conflit israélo-arabe. Pour leur part, les territoires étouffent. Le chef de l'Etat égyptien a affirmé, dans son discours du 1er mai, que «la campagne internationale contre le terrorisme a été détournée vers une nouvelle direction dans le but de réaliser des gains politiques pour Israël, aux dépens des Etats arabes et islamiques». Et de souligner que « cette campagne a été utilisée pour essayer d'éliminer la résistance palestinienne légitime contre l'occupation israélienne et pour appuyer le refus israélien d'entamer des négociations politiques directes». Il a en outre déploré qu' «en dépit des assurances fournies aux Arabes par des parties internationales, qui étaient supposées être capables d'intervenir en faveur d'un règlement politique, la réalité sur le terrain a été contraire à toutes promesses et assurances». Le président égyptien a, d'autre part, refusé les «références illogiques et injustes, fondées sur une inconcevable comparaison entre la guerre des Etats-Unis contre le terrorisme en Afghanistan et la guerre d'Israël contre le peuple palestinien désarmé, qui résiste à l'occupation». «Israël a dépassé toutes les bornes par ses pratiques inhumaines visant à terroriser le peuple palestinien et à réprimer sa résistance à l'occupation», a-t-il accusé, ajoutant que «les superpuissances, et en premier lieu les Etats-Unis doivent assumer leurs responsabilités pour l'arrêt immédiat de toutes les pratiques provocatrices d'Israël». Car sur un plan humanitaire, la situation dans les territoires est catastrophique. Et plusieurs agences de l'ONU ont décrit mardi à Genève la vaste crise humanitaire frappant les territoires palestiniens depuis l'agression israélienne, aussi bien en Cisjordanie que dans la bande de Ghaza. «Il s'agit d'une crise s'ajoutant à une situation d'urgence, en plus d'une situation générale qui n'était pas facile à gérer», a indiqué René Aquarone, porte-parole de l'Agence des Nations Unies pour les Réfugiés Palestiniens (UNRWA) au cours d'une conférence de presse. «Depuis dix-huit mois, les conditions humanitaires se sont détériorées, à cause du bouclage des territoires», a rappelé le coordinateur adjoint des affaires humanitaires des Nations Unies, Ross Mountain. Celui-ci a estimé que les priorités les plus immédiates concernaient le déminage et la construction d'abris, notamment dans le camp de réfugiés de Jénine (Cisjordanie), avant d'évoquer également le manque de travailleurs sociaux. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dont le coordinateur local a rencontré lundi les autorités palestiniennes à Ramallah, les campagnes de vaccination ont été interrompues depuis six mois dans les territoires. «Il existe de sérieux risques de rougeole et également de choléra en raison des destructions de conduites d'eau», a rapporté Fadela Chaïb, porte-parole de l'OMS. Selon René Aquarone, à Jénine, les besoins pour couvrir les secours d'urgence s'élèvent à 3,7 millions de dollars, auxquels il faut ajouter 41,3 millions de dollars pour la reconstruction du camp. Et d'ajouter que 21,7 millions de dollars supplémentaires sont nécessaires pour faire face à la crise humanitaire dans la bande de Ghaza, «étranglée économiquement en raison des restrictions sévères imposées à tous les mouvements de personnes et de biens».