Les ingrédients de l'extrémisme existent au Maroc. La gauche doit retrousser ses manches, avant qu'il ne soit tard. Tel est le message de Nabil Ben Abdellah, membre du Bureau politique du PPS. Après une semaine de recul, il y a lieu d'annoncer qu'il s'agit bel et bien d'un séisme. Particulièrement lorsqu'on connaît la France : terre de la Déclaration des droits de l'Homme, terre de la démocratie, du pluralisme et de la tolérance. C'est un séisme lorsqu'on sait que près de 1/5ème des électeurs français ont été attirés par des thèses fascistes, racistes et xénophobes. Cela est le résultat direct de la dépolitisation, et je crois que des facteurs ont joué un rôle important dans l'émergence du Front national. Il s'agit en premier lieu du dénigrement de l'action politique et des partis politiques. En deuxième lieu, il y a lieu de signaler le désintérêt de la chose politique qui se traduit par l'abstentionnisme (un score jamais égalé en France). Et il y a, en enfin, la désunion des forces démocratiques et des forces du progrès. Aussi, sans vouloir parler de l'émiettement, il y a, tout de même, lieu de rappeler que depuis 1974, le Parti socialiste présentait toujours un candidat qui était, également, celui des radicaux de gauche. Il aurait, donc, suffit, que les radicaux de gauche puissent apporter 2% des voix pour que Léon Jospin Passe. Chose qui n'a pas été faite. Maintenant, pour ce qui est du Maroc, il faut dire que les mêmes phénomènes évoqués ci-haut, y sont fortement présents. Nous avons un dénigrement très profond de l'action politique. Nous avons une grande partie de la population, notamment au niveau de l'élite qui se désintéresse de l'action politique et qui a des tendances abstentionnistes. Et nous avons le risque que les forces démocratiques se présentent dans la désunion aux prochaines élections, sans parler du nombre actuel des partis politiques. A la lumière de ces trois facteurs, il y a lieu de dire que nous avons une similitude avec la France, avec des thèses différentes, mais qui sont également réactionnaires et obscurantistes. Nous avons donc, notre part d'extrémisme et je crois que les Marocains sont appelés à agir pour éviter que ce qui s'est passé en France se reproduise chez nous. Enfin, les partis politiques démocratiques et de gauche sont appelés dans ces circonstances à réfléchir fortement à engager les prochaines élections dans l'union.