L'écrivain-chercheur Ahmed Assid a été choisi, lors d'une cérémonie-hommage samedi soir à Tiznit, « l'homme de l'année 2962 » par l'Association Tayri N Wakal (Amour de la terre), en signe de reconnaissance pour les services qu'il a rendus à la langue et à la culture amazighes. « L'organisation de cette cérémonie et l'hommage qui m'a été rendu démontrent que le travail humble que j'ai effectué avec d'autres acteurs commence à donner ses fruits dans l'esprit et la conscience des gens, et c'est fondamental », a déclaré M. Assid à la MAP, en marge d'une célébration organisée par l'Association Tayri N Wakal à l'occasion d'Idh Yennayer, le nouvel an amazigh 2963. « Pour moi, la grande joie c'est de voir que notre travail contribue à opérer un changement au Maroc, allant de l'exclusion à la reconnaissance de la diversité et de sa gestion rationnelle, et c'est la voie indiquée de la démocratie », a-t-il affirmé. Il a souligné que le Maroc est « un pays doté d'une sagesse et d'un génie particulier qui lui permettent de régler toutes les questions avec rationalité et de manière pacifique et de créer les conditions d'une cohabitation civilisée avec l'ensemble des composantes », relevant que cette disposition démontre que « le Maroc est un pays fort enraciné dans la tradition de la diversité et que les Marocains assimilent la leçon moderne de la démocratie et de la modernité à tous les échelons ». Sur la portée de la célébration exceptionnelle cette année d'Idh Yennayer, il a estimé que ceci révèle que « nous nous acheminions vers la reconnaissance officielle du nouvel an amazigh en tant que jour férié à l'instar du nouvel an de l'Hégire et du nouvel an du calendrier grégorien ». Avec la consécration constitutionnelle de l'amazigh, cette célébration revêt une dimension à forte charge symbolique pour les Marocains et même pour des pays voisins, a-t-il soutenu, notant que « ceci démontre que l'ensemble des pays de l'Afrique du nord ont en partage des symboles culturels et civilisationnels ancestraux qui tendent leurs racines profondément dans l'Histoire ». Cet intérêt de plus en plus prononcé pour Idh Yennayer révèle aussi que les Marocains sont conscients de leur enracinement même s'ils nourrissent des ambitions d'ouverture sur le monde, a-t-il ajouté, faisant remarquer que « c'est précisément cette équation difficile que les Marocains sont en train de résoudre de manière cohérente et réussie ». Selon lui, la commémoration d'Idh Yennayer est porteuse « symboliquement d'une affirmation de l'identité et de l'attachement à la terre et aux racines et qu'il faudrait, par conséquent, retrouver au niveau des institutions », considérant que « l'officialisation de la langue amazighe devrait déboucher désormais sur l'officialisation de la culture », sachant qu'il revient à la loi organique y afférent de préciser les modalités et les procédures d'intégration de la langue amazighe dans les différents paliers de la vie publique. Ecrivain prolifique, Ahmed Assid (Né en 1961) compte à son actif plusieurs articles et études sur la question culturelle et les thématiques de l'identité et de la démocratie, outre de nombreux programmes radiophoniques et télévisuels sur la littérature et les arts amazighs et une série d'écrits littéraires. Lors de la même cérémonie, à laquelle ont assisté le ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime Aziz Akhennouch, le gouverneur de la province de Tiznit Samid El Yazidi, le président du Conseil régional Souss Massa Drâa, Ibrahim Hafidi, et d'autres personnalités, des hommages similaires ont été rendus à Amina Bencheikh (journaliste), Abdessalam Khalafi (chercheur à l'IRCAM), Houcine Jihadi Bâmrani (traducteur et chercheur), Moha Souag (romancier) et à Yahya Hadaka (conférencier auprès de la FIFA). Le programme de cette célébration a été ponctué par une conférence à la maison de la Culture de Tiznit sur le thème « Nouvel an amazigh : l'homme et la mémoire », animée par une pléiade d'académiciens et de chercheurs concernés par la culture amazighe. Outre une opération de bienfaisance dédiée à apporter un soutien matériel à dix élèves orphelins de la province de Tiznit pour les aider à poursuivre leurs études, les festivités se sont poursuivies par une soirée artistique émaillée de cérémonials dans la pure tradition de la célébration du nouvel an amazigh. Cette soirée a été animée par une constellation d'artistes, dont Raïss Said Outajajte, Moulay Ali Chouhad Archach, Hamdallah Rouicha, Imane Tifour (Al Hoceima), Othmane Azoulide (Tata) et la troupe « Tifarkhine n Tafraout ».