Le RNI de Ahmed Osman a manifesté son désaccord par rapport au bulletin unique dont il ne voit, ni moins ni plus, qu'une astuce pour le pénaliser lors des législatives de septembre prochain. Explication. L'unanimité autour du nouveau dispositif électoral n'est pas encore acquise. Une voix discordante de la majorité gouvernementale, le RNI en l'occurrence, s'est élevée pour marquer son désaccord non pas avec le scrutin de liste à plus forte reste mais avec le système de bulletin unique qui devrait remplacer la multitude de bulletins multicolores (chaque couleur correspondant à un parti) en vigueur lors des précédentes élections dans le cadre du scrutin uninominal à un seul tour. Les intéressés ont déposé jeudi 25 avril les amendements qu'ils jugent opportuns devant la commission de l'Intérieur. Le président Ahmed Osman s'est réuni la veille avec ses députés pour élaborer un argumentaire sur cette question. Pour le parti, l'adoption du bulletin unique, un dépliant sous forme d'accordéon, n'est nullement commode pour les électeurs notamment dans le monde rural. “ Il est difficile pour eux de se retrouver dans une forêt de noms, de partis et de symboles“, explique un élu Rniste. Un autre renchérit : “ On voudrait exclure les formations implantées dans le Maroc profond qu'on ne s'y prendrait pas autrement“. Le Rassemblement d'Ahmed Osman se présente, en effet, comme une formation implantée essentiellement dans les campagnes où les gens sont généralement analphabètes. D'où la crainte que le bulletin unique ne le pénalise lors du scrutin législatif de septembre 2002. Les parlementaires du RNI considèrent que le bulletin unique est conçu pour les partis qui ont un électorat instruit présent notamment dans les milieux citadins. Au RNI, on n'est pas loin de penser que la nouvelle formule de vote est dirigée contre eux et vise à favoriser des partis comme l'USFP. Procès d'intention, suspicion et cacophonie. Les partis de la majorité sont loin de parler d'une seule voix. Le RNI unanime propose ni plus ni moins que le maintien du statu quo, à savoir la formule des bulletins de vote multiples. Or, ce système a été dénoncé comme favorisant la corruption des citoyens-électeurs. Le jour du vote, le candidat demande au votant de lui montrer les bulletins non utilisés. Si le sien manque à l'appel c'est que le vote est positif. Ce n'est qu'après cette vérification que l'électeur touche ou non la somme promise. La querelle autour des bulletins de vote représente-t-elle un enjeu important ou un problème secondaire ? En fait, les différents députés des différentes formations politiques font une fixation sur tout ce qui touche au nouveau dispositif électoral. Si cela se trouve, chaque parlementaire aurait aimé bénéficier d'un règlement sur mesure qui lui permette de ne pas perdre son matelas électoral au profit d'un autre adversaire. D'autant plus que cette fois-ci, la transparence, nous dit-on, sera au rendez-vous. Le ministre de l'Intérieur, Driss Jettou, doit encore déployer des trésors d'énergie et faire montre de beaucoup de tact pour mettre d'accord tous les protagonistes. Au Maroc, on ne change pas facilement de mentalité comme on change de parti politique.