Un projet de loi déposé par le ministère de la Santé concernant l'Ordre national des médecins est jugé "inopportun" par les principaux concernés. Revendications de médecins : une réforme en profondeur de leur instance. Mohamed Cheikh Biadillah, ministre de la Santé, n'est pas au bout de ses peines. Maintenant, c'est au tour des médecins de s'insurger contre une de ses décisions et pas des moindres. En effet, le ministère de la Santé a déposé au Parlement, en avril dernier, un projet de loi modifiant le dahir relatif à l'Ordre national des médecins. Le projet de loi n°50-03 a été déposé au niveau de la Chambre des conseillers et plus exactement à la commission de l'Enseignement, des Affaires culturelles et sociales. A deux reprises, l'examen de ce projet de loi a été reporté sur demande, notamment, du groupe de la CDT. En fait, le Syndicat national de la santé publique, affilié à la CDT, a entamé, depuis le dépôt du projet de loi au Parlement, une véritable campagne de sensibilisation pour que le texte en question soit purement et simplement retiré des rouages législatifs. Selon le professeur Abdelhaq Guerch, "le projet de loi n°50-03 ne répond ni à la conjoncture que traverse le pays ni aux aspirations des médecins, tous les secteurs confondus". Et pour cause, les protestataires estiment que le ministère ne s'est nullement concerté avec eux, avant de soumettre le projet de loi à l'examen des parlementaires. En fait, le projet de loi traite essentiellement de la composition du conseil national, des conseils régionaux et des conseils de disciplines. "Nous ne voulons pas de sectarisme au sein de l'Ordre", lance le Pr. Guerch. En termes clairs, inutile que la loi fixe, d'avance, le nombre de sièges pour chaque catégorie de médecins. Ce qui fait dire au professeur Guerch que l'idéal est d'instaurer un scrutin universel, où le mérite sera le seul critère d'élection. Rappelons que le l'Ordre national des médecins est actuellement présidé par un médecin généraliste, le Pr. Moulay Idriss Archane, également inspecteur des services de santé des Forces armées royales. En consacrant une importance exagérée à l'organisation de l'Ordre, le projet de loi dévie ce dernier de sa mission principale: "l'éthique et la déontologie". Les médecins auraient souhaité une refonte globale de la loi actuelle et non pas quelques articles relatifs au nombre de sièges pour les médecins du privé et ceux du public. A ce sujet, une journée de réflexion a eu lieu, samedi dernier, à la Faculté de médecine de Casablanca. "Les participants à cette rencontre, représentant toutes les catégories de médecins (public, privé, militaires, enseignants-chercheurs…) ont été unanimes", souligne le Pr. Guerch. Celui-ci assure qu'"après 20 ans d'existence, le bilan de l'Ordre national des médecins est négatif". Cette instance s'est attardée sur des aspects "purement matériels et financiers". D'ailleurs, le ministre de la Santé, avant de soumettre son projet de loi au Parlement, s'est concerté avec l'Ordre national des médecins. Mais les médecins mécontents estiment que l'Ordre ne les représente pas, puisque son mandat a expiré, il y a deux ans. En tout cas, Mohamed Cheikh Biadillah est entre le marteau et l'enclume. Politiquement, il lui sera difficile de retirer le projet de loi du Parlement. Même si les médecins semblent "compréhensifs" concernant ces considérations purement politiques, ils ne comptent pas baisser les bras, pour autant. Ils vont demander une audience au Premier ministre. Et si les choses ne se règlent pas, ils useront de "tous les moyens de protestations".