Réaction. Kamil El Kholti est très connu dans les milieux des médias et de la communication. Son credo le plus régulier est le sens de la mesure et de l'équité. Il est indigné par ce qui se passe au Proche-Orient. Le 19 avril 1944, le général S.S Stroop lançait ses troupes pour la liquidation du ghetto de Varsovie. Par un de ses tragiques retournements dont l'histoire a le secret, le général Ariel Sharon en faisant massacrer indistinctement civils et combattants dans le camp de réfugiés de Jénine, enterre les derniers vestiges des accords d'Oslo. Comment a-t-on pu en arriver là et pourra-t-on encore sortir de cette spirale infernale ? Comment le peuple d'Israël ne peut-il être révolté par les images que présentent, malgré la censure, les télévisions du monde entier et comment peut-il croire que l'un des protagonistes des massacres de Sabra et Chatila, peut lui apporter tout à la fois, le maintien des colonies de peuplement et la sécurité ? L'aventure libanaise devrait constituer un rappel sur les réelles capacités d'Ariel Sharon. A part l'élimination du chef de l'Autorité palestinienne, qu'a-t-il à proposer ? Le président George W. Bush croit-il réellement ce qu'il dit en demandant à Yasser Arafat de faire plus pour combattre le terrorisme alors qu'il est séquestré dans quelques mètres carrés et que ses forces de sécurité sont soit décimées, soit neutralisées. L'horreur perpétrée par Tsahal durant ces dernières semaines, particulièrement à Jénine, a commencé à ébranler la conscience universelle. Et même les Etats-Unis, peu suspects de partialité envers les Palestiniens, ont voté pour l'envoi d'une commission d'enquête de l'ONU, au grand dam du gouvernement Sharon. Il faut que le camp de la raison fasse entendre sa voix plus fort que le fracas des armes jusqu'en Israël afin que la logique du tout-sécuritaire et son corollaire, l'engrenage de la terreur, cède la place au dialogue et à la concertation. Il faut que des voix, telles celle de Théo Klein, président d'honneur du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) se fassent entendre plus fort encore. Faute de quoi, la logique sécuritaire, la négation des droits élémentaires et la conduite d'échec qui semble prévaloir auprès des dirigeants israéliens conduira immanquablement à l'impasse tragique de la confrontation généralisée.