L'armée israélienne a continué ses incursions dans les villages et villes de Cisjordanie au mépris des appels au retrait du monde entier. Elle a aussi transféré ses premiers détenus palestiniens dans la prison de Ketziot. Mercredi. Appuyés par des chars, l'armée israélienne a pénétré dans un nouveau village palestinien, Bal'a, situé à l'Est de Tulkarem, en Cisjordanie. Selon des témoins, des chars ont tiré des obus sur les bâtiments de la sécurité nationale palestinienne et les soldats ont commencé à fouiller chaque maison. Une nouvelle occupation qui vient s'ajouter à toutes celles effectuées depuis le 29 mars dernier, et ce malgré les appels au retrait de la communauté internationale. Mais rien n'y fait. A Beit Lahm, les appels à la reddition se répètent aussi chaque jour sans obtenir la capitulation des quelque 200 Palestiniens armés, des dizaines de civils et religieux. Des affrontements y ont à nouveau eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi. Un moine franciscain, Seweryn Lubecki, bloqué dans la basilique, a même déclaré que la fusillade avait duré environ une heure. «Nous avons entendu des tirs nourris de fusils et de chars. Il est difficile de dire qui a commencé. Nous sommes enfermés et nous n'avons pas pu voir», a-t-il ajouté. Un autre retranché régulièrement en contact avec la presse, le gouverneur de la ville, Mohammed al Madani, a affirmé que les Israéliens avaient «tenté d'entrer (dans l'église) mais n'ont pas réussi». L'Etat hébreu campe lui sur ses positions : il ne lèvera pas le siège tant que les «trente activistes armés» ne se seront pas rendus pour être jugés en Israël ou n'auront pas accepté un sauf-conduit afin de partir définitivement en exil. Pour justifier son opération malgré les critiques des instances politiques et religieuses, Ariel Sharon a d'ailleurs affirmé qu'une partie des activistes assiégés avaient participé à des attentats dans lesquels des Américains ont été tués… Des morts, il y en a d'ailleurs encore eu ces mardi et mercredi. Un enfant palestinien de 12 ans - Qoussaï Farah Abou Icheh - a ainsi été tué par des tirs israéliens dans le camp de réfugiés d'Askar, occupé depuis mardi matin. Certainement au cours d'une de ces perquisitions qui ont pour but officiel d'arrêter les activistes armés. Un autre Palestinien a été tué mardi soir par un tir d'obus de char israélien à Beit Lahia, dans le Nord de la bande de Ghaza. Deux autres personnes ont été blessées par l'explosion selon les sources hospitalières qui précisent que l'obus a été tiré par un char posté dans la colonie juive de Dougit. Un drame qui a d'ailleurs amené Yasser Arafat à réagir ce mercredi. «Ils (les Israéliens) ne se sont pas retirés. Ils sont revenus», a insisté le président palestinien, faisant allusion aux raids sur Tulkarem et à l'encerclement de Kalkilia. Son principal négociateur Saëb Erekat a quant à lui estimé que la situation était «bien pire» à la fin de la mission Powell qu'à son arrivée. Avec la chute de Naplouse, puis celle de Jénine, et les soupçons de massacres qui pèsent sur l'armée israélienne… Et la réouverture toute récente d'une prison militaire dans le désert de Néguev (Sud). Le camp Ansar III, situé à Ketziot, près de la frontière égyptienne, a déjà reçu 310 Palestiniens. Selon l'organisation de défense des droits de l'Homme B'tselem, des camions civils et militaires y entrent et sortent depuis lundi. Ce camp, qui tire son nom de la prison d'Ansar au Liban-Sud (une prison Ansar II se trouve aussi dans la bande de Ghaza) a par le passé contenu jusqu'à 3.500 détenus soumis à la chaleur écrasante du jour, au froid glacial de la nuit, aux scorpions et aux divers insectes. Les 26 derniers prisonniers de Ketziot avaient été libérés en 1996 dans le cadre des accords d'Oslo. Les Israéliens affirment détenir aujourd'hui 4.258 Palestiniens.