Colin Powell a affirmé mardi que les négociateurs palestiniens et américains avaient réalisé « des progrès» dans la formulation d'une déclaration sur un cessez-le-feu israélo-palestinien. Pendant ce temps, Sharon est en train de gagner du temps. Au début d'une rencontre avec des responsables de la société civile palestinienne, le chef de la diplomatie américaine a déclaré : «je crois que nous sommes en train de réaliser des progrès et je m'attends à davantage de progrès dans les prochaines 24 heures». Selon des responsables américains, des négociateurs palestiniens et américains ont commencé à travailler sur cette déclaration lundi dans la ville autonome palestinienne de Ariha (Jéricho) en Cisjordanie, et poursuivaient leurs travaux mardi. Colin Powell, qui est attendu mercredi au Caire pour sa deuxième visite en Egypte depuis son arrivée dans la région, ne s'est toutefois pas hasardé à émettre un pronostic sur les chances de réussite de ce projet, ajoutant que les négociateurs américains travaillent sur un document avec les deux parties, Israël et les Palestiniens, qui contient plusieurs formulations. M. Powell a ajouté que le terme « cessez-le-feu » pourrait ne pas être utilisé dans l'accord. Un commentaire qui laisse entendre qu'un accord pourrait être plutôt un pacte de non agression ou de cessation des hostilités. Les Palestiniens ont fait savoir à M. Powell qu'ils refusaient de mener des discussions sécuritaires sur un cessez-le-feu tant que l'armée israélienne ne se sera pas retirée des localités de Cisjordanie qu'elle réoccupe depuis le début de son opération « Rempart », le 29 mars, dont le but affiché est de « détruire l'infrastructure terroriste ». Le premier ministre israélien Ariel Sharon a déclaré lundi soir qu'il prévoyait un retrait d'ici une semaine de toutes les grandes villes autonomes palestiniennes à l'exception de Beit Lahm et Ramallah. La Maison-Blanche a jugé qu'un tel retrait «augmentait les perspectives» de paix. D'un autre côté, Américains et Israéliens semblent d'accord pour la tenue d'une conférence de paix sur le Proche-Orient au niveau ministériel, une manière de mettre de côté la question de la participation de Yasser Arafat, qu'Ariel Sharon exclut catégoriquement. Le Premier ministre israélien avait demandé dimanche aux Etats-Unis d'organiser une conférence sur le Proche-Orient avec une participation palestinienne mais sans le président Arafat, qu'il refuse de considérer comme un partenaire et qu'il assiège dans son QG de Ramallah depuis bientôt trois semaines. Sharon a émis le souhait que la conférence comprenne aussi des représentants égyptiens, jordaniens, marocains, saoudiens et des Etats du Golfe. Sans se prononcer sur sa participation éventuelle, M. Arafat a répondu qu'il était «prêt pour une conférence, immédiatement», mais que celle-ci devait être accompagnée d'un retrait de l'armée israélienne de toutes les villes de Cisjordanie réoccupées depuis le début de son agression. Lundi, Sharon s'etait dit prêt à ce que la conférence se tienne au niveau ministériel, et Colin Powell a estimé que la présence du dirigeant palestinien n'était « pas requise» pour le démarrage des travaux. En proposant une formule au niveau ministériel, sans plus mentionner l'exclusion de M. Arafat, Sharon tente de prévenir un nouveau débat sur le sort du président palestinien. L'analyste palestinien Ali Jarbawi estime en revanche que le projet de conférence ministérielle, « une idée américaine », n'a pas d'avenir. Loin de vouloir régler le problème palestinien, Sharon vise avec sa proposition quatre objectifs, a ajouté M. Jarbawi: « montrer qu'il est un homme de paix, tenter d'effacer les acquis des accords d'Oslo (1993), tenter une normalisation avec certains pays arabes (en invitant notamment le Maroc et l'Arabie Saoudite) et enfin se débarrasser d'Arafat ». Pour sa part, la presse du Golfe a tourné en dérision mardi l'idée de la conférence proposée par Sharon, estimant dans l'ensemble qu'elle est destinée à «cacher les boucheries israéliennes».