Le débat autour de l'animation des valeurs mobilières sur le marché ne laisse pas indifférentes des entreprises cotées. Ces dernieres veulent d'abord dénoncer les pratiques qui ont mis à genoux la bourse de Casablanca. En réaction à un article qui a été publié lundi par ALM, concernant l'intérêt que portent les entreprises aux dispositions de la circulaire relative à l'animation des valeurs mobilières des sociétés cotées, des chefs d'entreprise cotées en bourse, estiment qu'il faut parler de «réanimation» des valeurs cotées. Et que les entreprises ont besoin pour leurs valeurs cotées d'«anesthésistes réanimateurs» au lieu de sociétés de bourse. En effet, tellement la situation actuelle du marché boursier les désole et le manque d'imagination des intervenants les mortifie, qu'ils qualifient de puérile d'adopter un tel mécanisme pour dynamiser le marché. Ils avancent que le fait de confier l'animation d'une valeur à une société d'intermédiation boursière dans l'état actuel du temple de la finance casablancais est l'erreur qu'il ne faut jamais commettre. Ils fondent ce raisonnement sur deux constats. Le premier a trait à la logique court-termiste dans laquelle la communauté boursière locale inscrit ses choix d'investissement. Tellement les opérations boursières des années fastes ont rapporté de belles sommes et rapidement et facilement à des boursicoteurs, qu'ils ne veulent guère se rendre à l'évidence et continuent en fait de croire que c‘est une caractéristique de notre marché. Conséquence regrettable de cette culture boursière : les boursicoteurs notamment les petits spéculateurs quittent actuellement le marché aussi rapidement qu'ils s'y rendent. Leur premier souci est de réaliser des plus-values dans un temps record. Si une entreprise vient à conclure un contrat pour l'animation de ses titres, il est sûr qu'au début, ils manifesteront certainement un intérêt pour telle ou telle valeur, mais se laseront rapidement. De telles agitations ne feront qu'empirer la situation déjà chaotique d'un marché en mal de confiance. C'est celle là même qu'il faut rétablir avant de regretter le manque de réactivité des entreprises. Le deuxième constat a trait aux agitations des sociétés de bourse dont la préoccupation première a été toujours et reste la perception de commissions et la réalisation d'un bon chiffre d'affaires. Ils constatent d'abord que depuis que le marché est entré dans sa phase baissière, les notes d'analyse et de recherche sur les entreprises et les valeurs cotées se font de plus en plus rares. Ils s'intéressent de moins en moins au marché. Sinon, ils les réalisent sur demande, pour satisfaire les ambitions d'un client. S'il faut en tirer une conclusion, c'est qu'ils ont eux mêmes perdu confiance. «Leurs démarches sont empreintes depuis toujours d'actions douteuses et de pratiques peu déontologiques», estiment plusieurs chefs d'entreprises. Les exemples en la matière ne manquent pas. Ils rappellent au passage les dérapages commis dans le cadre des gestions sous mandat de portefeuilles de quelques clients. Ils précisent qu'au lieu de lancer la balle aux entreprises, il faut d'abord mettre à nu les pratiques qui ont mis à genoux la bourse casablancaise et dénoncer les connivences peu nettes qui les ont permises. Unique alternative pour rétablir la confiance des investisseurs et s'offrir ainsi de nouveau l'espoir. Il y va bien entendu de l'intérêt et de la crédibilité de tous les opérateurs.