Après les images des détenus irakiens torturés, la séquence vidéo, diffusée par la chaîne Al Arabia et qui montre la décapitation d'un Américain révèle une incompréhensible recrudescence de la barbarie en plein troisième millénaire. La séquence en question montre un jeune Américain assis sur le sol, alors qu'un homme cagoulé lui mettait un grand couteau sur la base du cou. Des images repoussantes qui viennent s'ajouter aux différentes autres images démontrant les supplices infligés aux détenus irakiens par les soldats de la coalition. Un responsable américain a indiqué que le corps de la victime, Nick Berg, avait été «découvert décapité et les mains derrière le dos» au bord d'une route à Bagdad. L'opinion publique internationale ne s'est pas encore remise du choc, suite aux actes ayant eu lieu à la prison d'Abou Gharib, après avoir été déjà sérieusement entamée par des actes semblables en Afghanistan, et à Guantanamo. C'est le site Internet Muntada Al Ansar, qui est en réalité derrière la diffusion de l'enregistrement de l'acte repris ensuite par des chaînes de télévision du monde entier. D'après ce site, c'est Abou Moussâb Azzarkaoui en personne qui avait décapité le jeune Américain. Azzarkaoui est un ressortissant jordanien connu pour être un allié très proche du chef d'Al Qaïda, Oussama Ben Laden. Il est également considéré par les américains comme l'instigateur des attentats attribués au réseau islamiste en Irak. Mais au-delà de l'aspect vengeance, ou encore la résurrection du principe dent pour dent, c'est cette barbarie qui trouve apparemment sa place dans l'univers d'une humanité que l'on croyait depuis longtemps avoir dépassé le stade primitif et qu'elle baignait dans les principes et les idéologies de l'égalité et de la liberté et du droit à la vie de l'être humain. Certes, on ne peut généraliser le fait d'une nouvelle tendance vers les formes les plus abjectes de la violence, puisque les réactions de condamnation fusent de toutes parts. A l'image de l'ancien archevêque de Cantorbery, Lord George Carey, qui a quitté ses fonctions en 2002 et qui considère que les accusations de torture et de sévices infligés aux prisonniers irakiens par des soldats américains et britanniques condamnent l'Occident tout entier aux yeux du monde arabe. Dans une déclaration à la BBC, Lord Carey a précisé que « c'est profondément honteux et cela nous condamne tous en Occident. C'est cruel, c'est horrible, c'est dégradant» avant d'ajouter : «Je ne sais pas comment nous pouvons nous sortir de cela. Des excuses ne suffiront pas». D'un autre côté, les réactions contre cette dérive fatale est contrée au sein même de l'armée américaine. L'administration américaine qui supervisait les établissements carcéraux irakiens l'an dernier alors que des sévices étaient apparemment commis dans la prison d'Abou Ghraïb, impute au général Ricardo Sanchez, commandant des forces terrestres en Irak, et au nouveau chef des prisons américaines en Irak, le général Geoffrey Miller, la responsabilité première des décisions incriminées dans l'affaire des abus commis à Abou Ghraïb, écrit le Washington Post de mercredi. Comme quoi l'honneur n'est plus ce qu'il était. Il n'est désormais pas toujours le prix du mérite, mais il est aussi souvent le partage du crime que la récompense de la vertu.