Les «zones militaires fermées» vont bientôt rouvrir selon l'armée israélienne qui continue cependant son occupation de la Cisjordanie. En utilisant armes, chantage et terreur psychologique. Israël a annoncé dimanche qu'elle allait lever l'interdiction d'entrer dans les «zones militaires fermées». Autrement dit dans la majeure partie des zones et villes palestiniennes qu'elle a progressivement occupées depuis le 29 mars dernier en Cisjordanie. Mais une partie seulement puisque les restrictions continueront d'être imposées dans trois secteurs : le QG de Yasser Arafat à Ramallah, l'Eglise de la Nativité à Beit Lahm et la ville de Jénine, théâtre d'une polémique sur l'existence ou non de charnier, et donc de massacre. En ce qui concerne la ville de Beit Lahm et le siège de la basilique, le premier ministre israélien a proposé ce dimanche l'exil à vie ou la prison aux combattants retranchés dans la Nativité depuis le 2 avril. «S'ils partent, c'est pour de bon, mais s'ils choisissent de rester, alors ils devront être jugés en Israël», a déclaré Raanan Gissin, porte-parole d'Ariel Sharon. Un chantage fait aux quelque 200 combattants -ccompagnés d'une trentaine de religieux et un nombre indéterminé de civils- jugé inacceptable côté palestinien. Peu avant la «proposition» israélienne, la tension était d'ailleurs montée d'un cran autour de la basilique. Un civil y avait été tué par l'armée, samedi soir, lorsqu'une fusillade avait éclaté dans un foyer de jeunesse adjacent. La victime, Hassan Nasmam, avait été atteinte par une balle à la nuque et est morte après avoir été transportée dans l'église. Dimanche matin, selon des témoins, l'Etat hébreu a par ailleurs installé un haut-parleur en face de la basilique et diffuse des sons stridents élevés dans le but de perturber les Palestiniens déjà soumis à des conditions humanitaires de plus en plus alarmantes. Une situation dont les représentants des églises chrétiennes de la région ont d'ailleurs fait part samedi matin à Colin Powell. Ils lui ont même proposé un « plan de règlement » qui prévoit « une trêve de trois jours », au cours de laquelle l'armée israélienne se retirerait, l'Autorité palestinienne se chargeant alors de «rassembler les armes» et «d'autoriser les gens à sortir de la basilique, et à se rendre en sécurité chez eux». Samedi comme dimanche, les violences se sont d'ailleurs poursuivi en Cisjordanie mais aussi dans la bande de Ghaza où un palestinien armé a été tué dans la nuit par des tirs de soldats israéliens. Une unité en patrouille dans le secteur de la colonie de Dougit (Nord) avait alors repéré deux hommes armés s'approchant du périmètre de sécurité et ouvert le feu dans leur direction, tuant l'un d'eux. Samedi, les troupes de l'Etat hébreu ont par ailleurs étendu leurs offensives en Cisjordanie. Elles ont occupé au moins six nouveaux villages et arrêté une quarantaine de Palestiniens «militants présumés». Tout en se retirant de la ville de Daharyeh, les chars et blindés ont donc effectué de nouvelles incursions à Burkin et Arabe, deux localités proches de Jénine, selon des témoins. Ils sont aussi entrés à Bier Nabala - près de Ramallah - et Beit Eba, el Baidan et Beit Wazan, près de Naplouse. Des témoins ont assuré que des troupes israéliennes étaient aussi entrées à Hashimiyah, près de Jénine. Par ailleurs, des combats sporadiques se sont poursuivi, notamment à Naplouse où sept chars israéliens ont commencé à bombarder le principal complexe de l'Autorité palestinienne, qui abrite les bureaux du gouverneur, du président Arafat et de l'agence de sécurité. Ce même samedi, les corps de huit Palestiniens - dont un homme, sa femme qui attendait un enfant et leurs trois fils – ont encore été retirés des décombres de maisons dans le centre de Naplouse.