Comme chaque Ramadan, une ambiance festive et conviviale règne dans la ville du Détroit. Des mosquées, des pâtisseries et des magasins sont ornés d'une parure spécifique à ce mois sacré. Les ménages se préparent presque un mois à l'avance pour célébrer cet événement religieux comme il se doit. Ils dépensent ainsi des sommes considérables pour acheter les ustensiles et les épices pour préparer les chhiwates de Ramadan. Les femmes au foyer entament leurs préparatifs de cette grande fête par le nettoyage complet de la maison. Elles se mettent par la suite à préparer une série de délicieuses recettes traditionnelles spécifiques à ce mois de Ramadan à savoir sfouf (selou), chebakiat (kwelich), briouates au miel et aux amandes… Ces chhiwates exhalent plusieurs jours avant le Ramadan leur délicieux arôme entre les quartiers. Les Tangérois changent, au cours ce mois sacré, aussi bien leurs habitudes culinaires que vestimentaires. Les femmes et les hommes préfèrent porter des tenues traditionnelles. Les enfants s'habillent de même surtout à l'occasion de la nuit du destin ou pour accompagner leurs parents à la mosquée. C'est pourquoi l'on constate une augmentation de l'activité des couturiers traditionnels durant ce mois sacré. Par ailleurs, l'activité ne gagne véritablement la ville qu'au-delà de midi. C'est à partir de ce moment que les épiceries, les pâtisseries et les étalages commencent à exposer des Briouates, chebakiates, dattes, figues sèches et fruits au public. Ces lieux de commerce ne sont pris d'assaut qu'à l'approche de l'heure de la rupture du jeûne. Les femmes au foyer font en sorte que la table du repas de la rupture du jeûne soit la plus garnie par les chhiwates du mois de Ramadan. «Nous voulons offrir à ce repas une ambiance festive puisque nous avons l'habitude de le partager en famille ou entre amis. Nous nous sentons très heureux de voir nos conjoints, nos enfants ainsi que nos invités déguster les chhiwates quxquelles nous avons pris beaucoup de temps pour les préparer», nous confie des Tangéroises, femmes au foyer, dont la plupart viennent de passer des nuits blanches à préparer kwilich (chebakia). A l'instar des autres villes du Royaume, la soupe marocaine (la hrira) trône la table de la rupture du jeûne, parmi les dates, les figues sèches, les œufs, du lait et des jus. Cette table est pleine également de Kwilich (chebakia), sfouf (ou selou), Briouat (aux amandes, aux crevettes…), baghrir, rghaïf, razzat El kadi…. Peu après la rupture du jeûne, les Tangérois ont l'habitude de boire le thé ou le café en famille ou entre amis, en dégustant ces chhiwates. Après la prière des Taraouih, toute la famille et ses invités se réunissent, une autre fois, pour dîner ensemble. Les Tangérois qui raffolent du poisson en préparent souvent des tagras (des tagines de poisson) qu'ils font cuire au four public. Au repas de shour, ils se contentent de quelque chose de léger comme du pain préparé à la maison, de jben ou du beurre et un verre de lait. Pour les habitants de la ville Tanger, Ramadan est un mois de prière et de recueillement. C'est pourquoi les mosquées connaissent une grande affluence des fidèles. Après la prière des Taraouih, les Tangérois rendent visite à leurs familles et proches. Certains aiment veiller en famille ou entre amis dans des cafés. D'autres aiment faire le boulevard ou savourer l'air frais en se promenant sur la côte. Et durant les dix derniers jours, la rue du Mexique, qui regorge d'enseignes de kissariates, est prise d'assaut le soir. Les femmes y emmènent leurs enfants pour leur acheter des vêtements de l'Aïd. Elles font aussi des petits tours dans des souks à bon prix tels Findak Chijra ou souk Dakhel. Elles ont toujours quelque chose à y acheter : des ingrédients pour la préparation des gâteaux ou le grand repas de l'Aïd El Fitr.