Cela chauffe déjà à Laâyoune où le «candidat en chef» du parti de l'Istiqlal, Hamdi Ould Errachid, s'est mis en colère devant le bureau réservé au dépôt des candidatures. La raison ? Les fonctionnaires chargés de cette mission ont reçu avant lui son rival de toujours : l'USFP Hassan Derham dont la liste figurera en bonne place sur le bulletin de vote unique. Aux dernières nouvelles, M. Ould Errachid, vice-président du conseil municipal de Laâyoune, a ajourné le dépôt de sa liste pour une date ultérieure. Depuis toujours, les deux hommes sont entrés dans une série d'escarmouches dont l'une des dernières aura été la polémique autour des entrées gratuites au stade municipal décidées par Hamdi Ould Errachid. En guise de réponse, Hassan Derham, président du club Chabab Al Massira, a carrément menacé de boycotter le championnat national. Si M. Derham, également secrétaire régional de l'USFP, s'est entouré de personnes qui lui sont proches pour figurer sur la liste qu'il conduira, et dont Boujemaâ Nouiba qui gère l'une des sociétés de la famille, M. Ould Errachid a puisé les siens parmi de grosses pointures istiqlaliennes : Mouloud Alouate, président du conseil provincial et son adjoint Ahmed Baba Ould Aban. Le PJD, lui, a choisi de renouveler sa confiance en la personne de Ali Errazma, homme d'affaires et candidat malheureux en 2002. Les islamistes ne risquent toutefois pas de percer dans cette ville au vu de leur faible présence et de la force de l'implantation des autres rivaux. Selon des sources à Laâyoune, le MP n'avait pas encore présenté de liste à la date de mardi matin et c'est Mohamed Ould Khatri Al Joummani qui est pressenti pour la diriger. Ce dernier, homme d'affaires, n'est autre que le petit-fils de Feu Saïd Al Joummani, célèbre notable de la région. Le même scénario est valable pour le RNI qui devait confier sa liste à M'Barek Aguig. Des trouble-fête, il y en aura lors du prochain scrutin à Laâyoune avec, dans les premiers rôles, Daifallah Yahdih qui conduit la liste du PML (Parti marocain libéral de Mohammed Ziane). M. Yahdih, qui a rallié le Maroc il y a près d'un an, n'a pas sa langue dans sa poche. Celui qu'on surnomme le "philosophe de la révolution", stigmatise les "grosses fortunes" et les notabilités régionales. Un discours qui sera très présent dans sa campagne qu'il mènera aux côtés de Salma Dada, une femme sans profession, et Houcine Elyazidi, étudiant. Des candidatures féminines dans cette circonscription locale de trois sièges, on en retrouve aussi sur la liste du PPS avec Elkouria Elyazidi, femme sans profession, qui arrive en deuxième position après Mohamed Bari, administrateur. A Laâyoune, comme dans le reste des circonscriptions du Sahara, l'appartenance partisane est reléguée à un dernier plan vu que les clivages tribaux comptent pour beaucoup et en premier lieu. La guerre fait notamment rage entre les représentants des tribus R'Guibat, Izerguyine et des Aït Baâmrane. Selon des observateurs de la scène politique dans cette région, les partis politiques et les tribus essaient de renforcer leur position dans la perspective de l'octroi d'un statut d'autonomie au Sahara. Au grand dam d'un Mohamed Abdelaziz qui n'a pas trouvé plus risible que de se fendre d'une déclaration protestant contre les autorités marocaines qui auraient l'intention d'"obliger les Sahraouis" à prendre part aux prochaines élections. • Mohammed Boudarham Avec M. Laâbid à Laâyoune